Ressortie Le Château de Cagliostro de Hayao Miyazaki
Le Château de Cagliostro
Au début des années 1970, après avoir fait l’intervalliste chez la Toei, Hayao Miyazaki s’installe dans les pénates du studio A Pro pour coréaliser avec son ami Isao Takahata une majeure partie des épisodes de la première saison de la série Rupan sansei, aka Lupin the Third Part I (titre international), aka Edgar de la cambriole (titre français). À l’origine de ce qui deviendra au fil des ans une véritable franchise multimédia, on trouve le manga Lupin the 3rd de Monkey Punch (pseudonyme de Kazuhiko Katô), qui accouchera de deux runs papiers entre 1967 et 1981 avant de laisser la main à d’autres mangakas (la dernière série dessinée en date, Lupin III Shin Y, a débuté en 2010). Le nom « Lupin » n’est pas anodin : Monkey Punch fait de son héros, voleur fantasque et jouisseur, l’arrière-petit-fils d’Arsène Lupin, le gentleman cambrioleur créé par Maurice Leblanc en 1905 (ce qui occasionnera quelques soucis de droits en Europe, d’où le retitrage en Edgar de la cambriole lors de la diffusion française de la série animée). C’est donc sous l’égide de ce héros voulu hâbleur, queutard et vénal par son créateur (tous ses coups d’éclat ne sont pas forcément motivés par l’envie d’aider la veuve et l’orphelin… sauf quand la veuve est sexy) que Miyazaki s’initie à la mise en scène pendant deux ans (entre 1971 et 1972), avant de partir sur Conan, le fils du futur, dont il réalisera en 1978 26 épisodes. Entre les motivations matérialistes d’un as du braquage audacieux et la quête d’un enfant bien décidé à sauver le monde, on se doute bien vers quels idéaux penche le coeur de l’artiste. Pourtant, Miyazaki est loin d’en avoir fini avec Lupin/Edgar.
LA VIE DE CHÂTEAU
En 1978 sort des ateliers du studio Tokyo Movie Shinsha le premier long-métrage d’animation estampillé Lupin III, Lupin the 3rd : The Mystery of Mamo, qui échoit au quasi-inconnu Sôji Yoshikawa, Miyazaki étant occupé sur Conan, le fils du futur. Le succès du film est immédiat et un second long est immédiatement lancé, avec cette fois Miyazaki aux commandes, sur la base d’un scénario qu’il coécrit avec Haruya Yamazaki (un routard de la japanime qui a déjà oeuvré sur Doraemon, Rémi sans famille et Albator, le corsaire de l’espace, et que l’on retrouvera sur Cobra et Les Chevaliers du zodiaque). L’histoire est simple : après avoir dévalisé le casino de Monte-Carlo avec son complice Daisuke Jigen, Lupin réalise que son butin ne contient que de la fausse monnaie. Il décide alors d’enquêter sur l’origine de ces billets contrefaits qui inondent les marchés financiers depuis des décennies et pèsent sur les crises internationales. Son enquête l’amène au duché de Cagliostro, en Europe centrale, où il vole au secours d’une jeune fille poursuivie par des sbires louches. La demoiselle en détresse, Clarisse, n’est autre que la princesse locale, forcée au mariage par le conte de Cagliostro, le régent du pays, également grand manitou de la production d’argent contrefait grâce aux imprimeries dissimulées dans les caves de son château médiéval truffé de systèmes de défense dernier cri… Et c’est parti pour 100 minutes trépidantes et pétillantes d’inventivité et de dynamisme, où les scènes d’action se succèdent à un rythme implacable, annonciatrices de la généreuse fr&eacu [...]
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