
Rencontre S. Craig Zahler
Bone Tomahawk
Qu’est-ce qui vous a conduit à réaliser Bone Tomahawk et à choisir de mélanger le western et l’horreur ?
Je voulais passer à la réalisation car j’en avais marre de vendre des scripts qui n’étaient jamais portés à l’écran, ce qui s’est produit une bonne vingtaine de fois. Le seul à avoir été tourné, c’est The Incident, mais il a été produit en Belgique, réalisé par un Français et si le résultat est correct, il ne m’a pas tout à fait convaincu pour autant : la fin est très différente de celle que j’avais écrite. Ayant travaillé comme metteur en scène au théâtre et comme chef-opérateur, je savais à peu près comment m’y prendre pour tourner avec un petit budget et j’envisageais de faire un film d’horreur, car le genre s’y prête bien. Mais quand j’en ai parlé à mon agent et à mon manager, qui est devenu le producteur de Bone Tomahawk, ils m’ont dit que je devrais plutôt tourner un western. Cela me convenait parfaitement, car j’en avais écrit plusieurs sous forme de romans et c’est d’ailleurs l’un d’entre eux, Wraiths of the Broken Land, qui a posé les bases de Bone Tomahawk. À l’origine, c’est celui-là qui devait être adapté, mais cela aurait demandé trop de coupes, de temps et d’argent. J’ai donc proposé d’écrire un autre western au sujet assez similaire, à savoir une histoire de sauvetage, mais toujours dans une tonalité très sombre, une orientation avec laquelle je suis très à l’aise, que ce soit quand j’écris des romans criminels ou du western. Ce dernier est définitivement mon genre favori puisque Bone Tomahawk est le cinquième que j’écris.
L’avez-vous d’abord rédigé sous une forme romanesque ?
Non, je l’ai écrit directement comme un scénario et j’ai pris beaucoup plus de plaisir que ce à quoi je m’attendais. Écrire un livre n’aurait pas été une bonne idée, car j’aurais ensuite dû l’adapter sous la forme d’un script, qui en aurait forcément constitué une version expurgée.
Kurt Russell a déclaré avoir adoré votre roman western, Wraiths of the Broken Land. C’est ce qui l’a poussé à accepter de jouer dans Bone Tomahawk ?
Non, en fait, il a lu le livre durant la longue période où nous avons tenté à plusieurs reprises de tourner Bone Tomahawk sans succès, période durant laquelle il est toujours resté à bord. C’est Peter Sarsgaard, qui devait jouer le rôle finalement tenu par Patrick Wilson, qui avait fait passer le script à Kurt par le biais de son agent. C’est donc uniquement en se basant sur le scénario et sur nos conversations qu’il a donné son accord.
Quand nous l’avons rencontré il y a quelques semaines pour Les Huit salopards, il nous a confié être très fier de son travail sur Bone Tomahawk…
Je trouve qu’il donne une certaine profondeur au film. Bon, ce n’est pas très modeste de ma part de dire ça, mais ça vient aussi du fait que je l’ai dirigé en ce sens et que son rôle était déjà détaillé de façon très précise sur le papier. Il n’empêche, je pense que c’est une de ses meilleures performances.
Avez-vous choisi Lili Simmons suite à son rôle dans Banshee ?
Oui, c’est là que je l’ai vue pour la première fois. Elle m’a beaucoup impressionné dans la série par sa capacité à jouer un personnage qui, en quelque sorte, évolue au sein de deux époques différentes, puisqu’elle appartient d’abord à une communauté amish très puritaine et figée dans le passé avant de devenir une jeune femme libérée et très à l’aise dans l’univers plus moderne de la ville de Banshee. J’ai aussi engagé Geno Segers, qui joue l’Indien Chayton Littlestone dans la série. Il a une présence physique incroyable. J’adore Banshee, les scripts sont vraiment très bons, c’est old school comme j’aime et les combats et les scènes d’action tiennent du jamais vu à la télévision. C’est même meilleur que la plupart des trucs qu’on voit au cinéma en la matière. À ce qu’on m’a dit, les acteurs se font souvent très mal sur le plateau ! (rires)
Quelles influences ont nourri Bone Tomahawk, que ce soit en termes de western ou d’horreur ?
J’en aurais pour des heures à citer tous les films qui m’ont donné envie de faire du cinéma, mais s’il y a une chose à laquelle je tenais absolument pour Bone Tomahawk, c’est qu’il ne ressemble à aucun autre film et qu’il puisse aussi bien être qualifié de western que de film d’horreur. Quand j’étais ado, j’étais abonné à Fangoria et je suis un fan a [...]
Il vous reste 70 % de l'article à lire
Ce contenu éditorial est réservé aux abonnés MADMOVIES. Si vous n'êtes pas connecté, merci de cliquer sur le bouton ci-dessous et accéder à votre espace dédié.
Découvrir nos offres d'abonnement