Rencontre n°278
Lors de la présentation de Tokyo Tribe à l’Étrange Festival, vous avez parlé d’un kaiju eiga (film de monstre géant – NDR) que vous venez tout juste de terminer…
En fait, j’arrête de parler de « kaiju eiga ». Aujourd’hui, je préfère évoquer un « film fantastique ». Un peu comme Les Dents de la mer : au début, on ne sait pas qu’il s’agit d’un requin, et ce n’est que plus tard dans le film qu’on finit par découvrir l’identité exacte de la « bête ». Ici c’est pareil : je veux ménager mon effet de surprise, car dans l’histoire, nous ne sommes pas censés savoir qu’il est question d’un monstre géant. J’ai donc maladroitement révélé le secret de mon prochain film… (il réfléchit) Je vais arrêter de le présenter comme ça en fait !
Vous avez grandi en plein Âge d’Or des productions tokusatsu (littéralement à « effets spéciaux » – NDR) à la télévision japonaise. Quels souvenirs gardez-vous de séries comme Ultra Q, Ultraman, Ultra Seven, etc. ? Ont-elles nourri votre euh… pardon… kaiju eiga ?!
Oui, oui, oui ! C’est exactement ça. Ce film, qui s’intitule Love & Peace, met ouvertement en scène mes traumatismes d’enfance liés à la découverte de ces séries diffusées à la télé.
Et quels sont les kaijus issus du bestiaire cinéma et télévisuel qui vous ont le plus marqué ?
Hum… En numéro un, je citerais volontiers King Ghidorah. Puis ensuite Kanegon, le monstre mangeur de pièces de monnaie de la série Ultra Q. J’ai beaucoup d’affection pour la tortue Gameron aussi ! D’ailleurs, en y réfléchissant bien, Love & Peace est une sorte de version longue d’un épisode d’Ultra Q. C’est en tout cas mon film le plus accompli à ce jour. J’en suis convaincu… Ah, j’ai envie de te le montrer tout de suite, je pense qu’il te plaira !
J’ai hâte ! Que pensez-vous de Big ManJapan de H. Matsumoto, qui revisite sur un ton doux-amer l’univers du kaiju eiga ?
C’est un excellent film. En fait, quand j’y repense, il m’a fait l’effet d’un gigantesque rêve d’enfant. Ou d’un truc qui vous gratte, là (il montre son dos – NDR), et qui vous rappelle une étrange sensation perdue. Enfin moi, je l’ai perçu comme tel. Tu comprends ce que je veux dire ?
Je crois saisir, oui… Sinon, vous avez, avant la réalisation de Tokyo Tribe, travaillé pour la télévision japonaise en réalisant plusieurs épisodes du drama Minna ! Esper Dayo !. Que retenez-vous de cette expérience et vous a-t-elle rassuré sur votre place au sein de l’industrie ?
Le fait de ne pas être reconnu au Japon m’a permis d’expérimenter et de montrer tout ce dont j’étais capable. Dorénavant, après toutes ces expériences, je pense avoir trouvé ma place. Enfin, je crois… À chaque projet, c’est un peu comme si j’étais un punk furieux qui casait 50 titres dans un même album de hardcore. Je donne tout. Je vise l’épuisement du spectateur. Donc, si aujourd’hui je suis un peu reconnu, ce n’est probablement pas pour la qualité de mon travail mais plutôt pour sa générosité presque fatigante. Si je travaille sans relâche, c’est surtout pour qu’on ne m’oublie pas. Il ne faut surtout pas que je me repose, sinon, on prendra ma place. C’est un combat perpétuel que je mène.
Il me semble avoir décelé chez vous une obsession pour les poitrines généreuses. Que ce soit dans Cold Fish, Guilty of Romance, Minna ! Esper Dayo ! ou encore Tokyo Tribe, on croise plusieurs personnages féminins aux attributs particulièrement agressifs.
(il réfléchit longuement) Hum… Je dirais oui, par certains côtés, même si je choisis aussi des actrices très « plates » comme Hikari Mitsushima dans Love Exposure. D’ailleurs, regarde, j’ai presque plus de poitrine qu’elle (Sono Sion se met alors à toucher sa poitrine – NDR) ! Mais tu sais, les femmes me plaisent. Et d’une femme à l’autre, un élément physique différent peut m’interpeller. Par exemple, si je tombe amoureux d’une femme à forte poitrine – ce qui est d’ailleurs le cas puisque mon épouse a des gros seins (Sono Sion est marié à Megumi Kagurazaka, vue dans
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