
Rencontre Marcus Dunstan
Lors de notre dernière rencontre, vous aviez mentionné vouloir tourner le troisième volet de la saga The Collector. Finalement, vous revenez avec The Neighbor, un film dont le style et les idées s’avèrent très proches de vos deux précédents efforts. Pourquoi avoir fait The Neighbor plutôt que The Collector 3 ?
Il a fallu négocier les droits pour monter un troisième Collector, ce que nous avons essayé de faire avec la société Fortress. Le plus dur maintenant consiste à réunir le budget nécessaire pour un troisième chapitre. Certes, ça reste du vrai cinéma indépendant, mais il nous faut tout de même une certaine somme, sans quoi, on risque de tomber dans le micro-budget. Le résultat risquerait d’en pâtir. Nous avions 10 millions de dollars pour le premier et un peu plus pour le second. Il faut donc attendre de récolter assez d’argent pour proposer quelque chose de meilleur encore, et aussi répondre à la grande question : « Mais pourquoi en faire un troisième ? ». Si l’idée nous paraît suffisamment bonne et qu’elle s’impose comme la conclusion logique de la saga, alors on foncera. Mais ça ne sera pas facile, même si The Neighbor nous a aidés, car nous avons pu tester du matériel et j’ai acquis de l’expérience. De plus, je me suis éclaté sur le tournage, plus que sur aucun autre de mes films. Et le résultat me satisfait d’autant plus que c’est mon travail le plus adulte : on ne fait pas couler de sang à tout-va, on ne tue pas des adolescents à tour de bras… Nous avons essayé de tout miser sur le suspense. Ainsi, quand la violence surgit, on en prend plein la vue. Mais le film ne vire pas à l’horreur pure, non plus. On reste dans un domaine plus proche du thriller. C’était un vrai défi, c’était flippant pour moi de ne pas pouvoir me dire : « Allez, balance du sang et c’est réglé ! ». (rires)
En quoi cette approche un peu plus mesurée a-t-elle modifié vos méthodes de travail ?
C’est surtout le travail des acteurs qui a fait la différence. Lors des répétitions, ils ont beaucoup apporté. Luke Edwards, par exemple, a accepté de maigrir et de porter des vêtements trop larges pour donner un look plus frêle à son personnage. Son frère, par contraste, est plus massif, plus vicieux : il n’hésite pas à prendre la caméra pour filmer ses actes. Quant au père, c’est le cerveau du groupe. Josh Stewart est aussi un excellent baromètre, car il influe sur la nature d’une scène rien qu’avec son jeu. Lors des gros plans, il offre tellement de nuances qu’elles intensifient le suspense. Et j’adore ça. La règle dans le genre horrifique, c’est généralement « bigger is better », mais ici, le défi, c’était de mettre la pédale douce. La première prise était souvent très énergique. Pour les suivantes, on s’évertuait à travailler sur les petits détails. Et au montage, on a mélangé les deux.
Vous avez tourné The Collector en 16 mm et The Collection en 35. Une fois encore, on sent que vous avez essayé de conférer un look assez old school à The Neighbor, même si j’ai l’impression que, cette fois, vous avez opté pour le numérique.
Nous nous sommes amusés en utilisant tout un tas de caméras, qu’elles soient analogiques ou numériques. Dans le cas des secondes, nous les avons équipées d’objectifs analogiques, les Panavision C-Series, qui permettent d’obtenir un rendu anamorphique formidable. Tout cela nous a servi à réduire le fossé entre les deux supports. Nous avons même eu recours au Super 8, ce que nous n’avions pas fait depuis un bon moment. Nous nous en sommes servis pour illustrer un point de vue de voyeur, en quelque sorte. Le cinéma puise son origine dans l’analogique, et j’essaie de participer à la con [...]
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