Rencontre : John R. Leonetti
Comment êtes-vous passé d’assistant-caméraman à chef-opérateur pour les besoins de Chucky 3, votre premier film de cinéma ?
Permettez-moi de revenir un peu en arrière. Mon père était électricien sur Le Magicien d’Oz et machiniste sur Chantons sous la pluie. Quand je suis né, en 1956, il tenait une boutique d’éclairages pour le cinéma où je travaillais après les cours. J’ai donc été très vite habitué à être derrière une caméra et, de fait, je suis devenu assistant-caméraman. Travailler sur Chucky 3 a été un défi, mais un défi euphorisant. Vous savez, ayant pu occuper pendant plus de six ans des postes d’assistant-caméraman et d’opérateur caméra, j’ai eu la chance de pouvoir observer le travail des réalisateurs, des acteurs et des chefs-opérateurs pendant la préparation des scènes. J’ai donc pu apprendre plein de choses et comprendre pourquoi ils agissaient de telle ou telle façon. La transition entre assistant-caméraman et chef-opérateur m’a donc semblé naturelle grâce à toute cette expérience.
Vous avez assuré la photographie de Mortal Kombat, qui compte parmi les premières adaptations de jeu vidéo considérées comme réussies. Puis vous avez mis en scène le second volet.
Après avoir fait The Mask, j’ai enchaîné sur Mortal Kombat. Quand Mortal Kombat : destruction finale a été mis en chantier, j’ai été contacté par l’une des productrices du premier film qui m’a proposé d’en être le chef-opérateur. Mais peu de temps avant, j’avais un éclairé un film – je ne vous dirai pas lequel – où j’ai vu le réalisateur se montrer tellement peu efficace que je me suis dit : « Je sais que je peux en faire autant. ». Et depuis toujours, certains me disaient : « Tu devrais devenir réalisateur ». Pourtant, ce n’était pas mon but quand j’ai commencé dans ce milieu. Mais j’ai vite compris que ça me titillait… Quand la productrice m’a proposé le job de chef-opérateur sur Mortal Kombat : destruction finale, j’ai dit : « Bien sûr ! Je le ferai ! », d’autant que le premier volet avait été vraiment sympa à tourner. Puis, sans réfléchir, j’ai ajouté : « En fait, j’aimerais bien le réaliser. ». Elle m’a demandé d’y réfléchir, et j’ai alors pensé que ça n’allait pas se faire. Mais j’ai reçu un appel le soir même de la part de New Line, qui pensait que c’était une très bonne idée. Du coup, je me suis retrouvé en charge d’un projet de 25 millions de dollars qui allait être distribué dans le monde entier ! Après avoir travaillé avec des cinéastes aussi excitants que Chuck Russell ou Paul W.S. Anderson, j’étais ravi de pouvoir m’essayer à la mise en scène.
Comment avez-vous géré la pression liée au travail de réalisateur ? Je présume qu’en tant que chef-opérateur, on vous laisse travailler dans votre coin, alors qu’un réalisateur – surtout sur une franchise comme Mortal Kombat – doit répondre aux impératifs du studio.
C’est un tout autre aspect, en effet. En tant que chef-opérateur, vous êtes tranquille pendant que vous créez votre image. Vous êtes peu concerné par les problèmes de production tant que vous ne perdez pas trop de temps à faire votre lumière. Mais le réalisateur est, lui, dans un autre état d’esprit, c’est certain. Pourtant, ça m’a semblé naturel, car je m’en sors plutôt bien avec l’aspect diplomatique des relations avec les studios. Parfois, je suis peut-être trop honnête, mais les gens ont l’air d’apprécier ce trait de caractère. En tant que réalisateur, vous devez bien sûr gérer toute la partie du tournage, mais c’est surtout ap [...]
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