
Rencontre Jeff Wadlow réalisateur, scénariste & producteur
Nightmare Island est votre seconde collaboration avec Jason Blum, qui avait produit votre long-métrage précédent, Action ou vérité.
Jason et moi formons une excellente équipe. Il est vraiment le producteur idéal, et je ferais n’importe quoi pour lui. Alors quand il m’a dit qu’il possédait les droits de L’Île fantastique – une série dont je me souvenais avec émotion –, j’ai immédiatement proposé mes services, et il m’a dit : « Vas-y, c’est à toi ! ».
Puisque vous connaissiez la série d’origine, en quoi était-il important selon vous d’en respecter ou non les codes ? La plupart des jeunes spectateurs qui découvriront Nightmare Island en salles n’auront sans doute jamais entendu parler de L’Île fantastique…
Il y a deux raisons pour lesquelles on peut avoir envie de revisiter une vieille série ou un vieux film. D’abord, pour livrer aux fans de l’original une proposition séduisante qui pourrait leur donner envie de redécouvrir cette oeuvre selon une perspective nouvelle. Ensuite, pour mettre à profit un concept extrêmement excitant d’un point de vue créatif. Et comme je pense que peu de gens se souviennent de L’Île fantastique, je dirais que le concept suffisait amplement pour se lancer dans l’aventure.
À l’instar de la série, cette adaptation cinématographique brasse plusieurs genres, même si, Jason Blum oblige, vous mettez ici l’accent sur le suspense et l’action.
J’adore mélanger les genres. D’ailleurs, tous mes films cherchent à échapper au genre auquel ils sont assimilés. J’espère que cette méthode me permet de me démarquer. À ce titre, le concept de Nightmare Island nous donnait l’opportunité de nous frotter à des univers différents, et ce de manière totalement assumée. On pourrait dire que Nightmare Island est composé de quatre films différents qui finissent par se rejoindre de façon assez surprenante. Avec mes deux scénaristes, Jillian Jacobs et Christopher Roach, nous avons essayé d’élaborer des histoires distinctes dans lesquelles chaque personnage se trouve confronté à une situation très différente de son souhait d’origine. Ainsi, l’une de ces histoires est une sorte de comédie estudiantine, la seconde un film d’action, la troisième un récit de voyage dans le temps et la dernière une histoire de vengeance matinée d’horreur.
Les deux frères campés par Jimmy O. Yang et Ryan Hansen sont assez surprenants. Ils ont l’air d’être uniquement là pour amuser la galerie, quitte à nous taper sur les nerfs, alors qu’ils représentent finalement le coeur du film. C’est un duo assez attachant…
Tout à fait, je les considère aussi comme le coeur émotionnel du film, même si le personnage campé par Maggie Q est un peu la protagoniste « officielle ». Melanie est aussi un personnage important, bien qu’elle possède une part d’ombre. Roarke jouit également d’un arc intéressant à cause des décisions qu’il prend – ou refuse de prendre. Le film a été un vrai défi, car je devais gérer beaucoup de personnages dont l’évolution s’avérait essentielle à l’avancée de l’intrigue. Chacun d’entre eux possède donc une position assez centrale dans le récit.
Nightmare Island propose par ailleurs un spectacle assez ambitieux. Le tournage n’a pas dû être de tout repos au vu de vos moyens financiers.
C’a été très, très difficile. Non seulement nous devions mettre en boîte un petit budget à la Jason Blum, mais de plus, nous tournions sur les Îles Fidji. Un décor magnifique, mais pas vraiment propice à un tournage de cinéma, d’un point de vue logistique s’entend. Les lieux sont totalement dénués de studios ou d’infrastructures qui auraient pu nous faciliter la tâche. Attention, c’est un endroit merveilleux, – d’ailleurs, j’adorerais y retourner –, mais ça nous a singulièrement compliqué la tâche, nous étions très loin du confort technique des villes habituées aux tournages de cinéma.
Nightmare Island étant classé PG-13, vous restez assez timide en termes de violence graphique. Cette classification était-elle déjà prévue lors de l’écriture du script ?
J’ai eu le final cut sur le film, donc j’assume tout ce qui est montré à l’écran. Ceci étant dit, je pense qu’il existe différentes façons d’apprécier un long-métrage, et j’aime utiliser la technologie pour offrir une expérience nouvelle aux spectateurs. Je vais ainsi proposer un montage différent pour le marché de la vidéo, même si la version salles correspond à 100 % à ce que je voulais. Nightmare Island est un film effrayant, fun et excitant. J’ai mis à profit le moindre recoin de ce décor incroyable pour élaborer un spectacle qui s’apprécie avant tout sur grand écran. Le montage que vous pourrez voir en vidéo sera plus violent, mais il ne sera pas si différent de la version que vous connaissez.
Le film multiplie les intrigues secondaires. Cela ne vous a pas trop compliqué les choses au montage ?
Étant à la fois coscénariste, coproducteur et réalisateur, j’ai pu contrôler la plupart des aspects de Nightmare Island, et j’ai donc tenu à maximiser les ressources qui étaient mises à ma disposition. L’essentiel de ce qu’on avait mis dans le script a été conservé à l’écran. Il arrive qu’au montage, vous vous aperceviez que certaines choses ne fonctionnent pas, et c’est pour ça que vous entendez parfois parler de reshoots à propos de telle ou telle production. Mais ça n’a pas été le cas sur Nightmare Island.
Dans les making of de vos films, vous apparaissez toujours comme quelqu’un de très énergique et volubile. Vous avez l’air d’être animé du même enthousiasme qu’à vos débuts. Le côté blasé de certains cinéastes, ça n’a pas l’air d’être votre tasse de thé, non ?
J’adore mon boulot, j’adore raconter des histoires et collaborer avec des gens talentueux. Je suis extrêmement conscien [...]
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