
Rencontre James Wan
La dernière fois que nous nous sommes parlé, c’était à l’occasion de la sortie de Death Sentence. Depuis, comment jugez-vous l’évolution de votre carrière ?
Ouah… (il réfléchit) Je suis bien plus âgé ! J’ai débuté en 2004 et, à l’époque, je faisais partie des petits nouveaux, ce qui n’est plus du tout le cas aujourd’hui ! (rires) Je pense que ces dix dernières années, j’ai réussi à me faire une place dans le genre horrifique. J’essaie toujours de grandir en tant que cinéaste. Chaque nouveau projet d’un réalisateur doit lui servir à évoluer, à mettre à profit ce qu’il a appris sur le projet précédent. J’aime à penser qu’après chacun de mes films, je suis parvenu à m’améliorer en matière de narration, et je veux continuer dans cette démarche. Même chose avec les sujets que j’aborde : je pense avoir évolué depuis l’époque où je faisais des films plus durs, comme Saw ou Death Sentence. J’aimerais revenir à ce type de cinéma un jour, mais il me faudrait une bonne raison pour le faire. Un bon script ou une bonne idée.
Même dans vos travaux les plus sombres, vous essayez toujours d’être ludique et vous refusez de sombrer dans la complaisance. Vous n’avez rien d’un réalisateur « arty » qui ne se soucie pas du public.
Oui, c’est vrai. Pour mon premier film, Saw, je savais que je devais attirer l’attention, capter le public et être sélectionné dans des festivals. Mais au bout du compte, je me vois comme un homme de spectacle, quelqu’un qui divertit les gens. Les cinéastes qui m’ont influencé font du cinéma populaire, et je pense que je partage cette sensibilité. Mais j’ai beau être un réalisateur commercial – je le reconnais volontiers –, j’essaie toujours d’aborder mes projets de façon originale et ce, quel que soit le genre auquel je me frotte. C’est très important pour moi. Bien sûr, j’en respecte les ficelles, mais j’essaie aussi de les subvertir, sans pour autant m’aliéner le public. J’essaie de marier mon envie de me démarquer et mon statut d’artiste commercial.
Comment avez-vous abordé Conjuring 2 : le cas Enfield ? C’est la deuxième fois que vous réalisez une séquelle de l’un de vos films, et je me demandais si vous aviez tiré des leçons de votre expérience sur Insidious : chapitre 2. C’est le genre de projet où le public exige de voir la même chose… tout en demandant de la nouveauté.
C’est ce qui rend l’exercice difficile. J’ai essayé d’élargir l’univers du premier Conjuring, tout ce qui a trait au couple Warren. Mais je ne voulais pas non plus me répéter. J’ai donc essayé de repérer ce qui fonctionnait dans le premier, et ce qui fonctionnait moins. J’ai tenté d’introduire les éléments qui avaient plu aux spectateurs dans un nouveau contexte. Ceci afin de donner satisfaction au public tout en lui proposant des nouveautés. Je ne sais pas si, au final, nous y sommes parvenus, mais c’est vraiment ce qui nous a guidés. Comme les gens ont adoré Conjuring : les dossiers Warren, il fallait se montrer à la hauteur tout en gérant cette énorme pression qui nous poussait à proposer quelque chose de différent.
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