Rencontre : Guillaume "RUN" Renard

Mutafukaz reste l’une des meilleures propositions cinématographiques de l’année 2018, tous genres confondus. À l’occasion de la sortie vidéo du long-métrage, on a repris des nouvelles de son initiateur, Guillaume « Run » Renard, auteur de la bédé à l’origine du film et coréalisateur de ce dernier avec Shôjirô Nishimi, du studio japonais 4°C. Discussion sans langue de bois sur les difficultés de faire vivre un tel ovni en France, et sur le futur d’Angelino et Vinz.
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Le long-métrage Mutafukaz a été une production de longue haleine. Quel est l’enseignement le plus important que tu as retenu de cette aventure ?

Déjà, j’ai compris qu’un film n’est pas l’émanation de la volonté pure et dure d’un réalisateur ; c’est une série de contraintes qui t’amène à un résultat que tu essayes de rapprocher le plus possible de ce que tu désirais à l’origine. Il y a énormément de variantes – budgétaires, humaines, politiques même – que je n’avais pas forcément prises en compte avant d’avoir les mains dedans. Et le second enseignement, c’est qu’il ne suffit pas forcément d’avoir un beau projet qui tient la route pour que les choses se fassent. Si tu n’es pas accompagné par les bonnes personnes ou que tu n’es pas trop dans le circuit, c’est beaucoup plus compliqué. C’est un peu comme la différence entre une place éco et une place business dans un avion : ça coûte dix fois plus cher. Ben là c’est pareil, c’est dix fois plus dur pour faire vivre ton film. Ça, je l’ai vécu. Tu te dis au départ que si ton projet est propre, s’il est fait avec le coeur, ça suivra. Ben non, ça ne suivra pas toujours. 


Le fait que le film existe aujourd’hui, ça t’a fait monter en classe business ?

Ah non, je reste en éco là ! (rires) En revanche, certaines des destinations qui s’ouvrent désormais à moi sont très intéressantes. Et j’ai pu établir des connexions que je n’aurais pas pensées possibles auparavant. Mais à l’étranger, pas en France… Plutôt les États-Unis. 



C’est un constat qu’on entend souvent de la part de réalisateurs de genre hexagonaux : nul n’est prophète en son pays, et il est souvent plus facile de faire vivre son film à l’étranger qu’en France. Tu as aussi vécu ce phénomène ?

Il suffit de voir les distributeurs qui se sont positionnés sur Mutafukaz. La France est l’un des derniers pays à avoir pris le film. Mais je ne pense pas que cette situation soit systématique. Selon moi, c’est avant tout une histoire de sérail : t’es dedans ou t’es pas dedans. En l’occurrence, on est en dehors, et pour toutes ces raisons, on n’est pas vraiment considérés comme faisant partie de la profession. Et je le comprends, hein : Mutafukaz est un coup d’essai. En revanche, les Américains sont plus pragmatiques, ils détectent un potentiel qui n’a peut-être pas été développé et ils voient plus loin. C’est pour ça que pour le moment, on a surtout des propositions de leur part. 



L’édition vidéo de Mutafukaz conçue par AB Vidéo se montre-t-elle à la hauteur de tes envies ?

Déjà, je suis content qu’il y ait une sortie physique, car ce n’était pas gagné d’avance. Ensuite, ce qui est cool, c’est qu’AB a fait une édition collector FNAC. On a tourné des petits bonus supplémentaires, histoire de parler de certains aspects comme le doublage et les festivals. On y trouve aussi les modules making of que j’avais faits en amont de la sortie du film. Il y a également un petit livret de dessins inédits de Shôjirô Nishimi. Donc en soi, je suis vraiment content que ça existe. Après, on a toujours envie de faire une putain d’édition. Je suis un maniaque du bel objet, de la fab’. Mais on n’a pas géré cet aspect des choses, puisque c’est AB qui a pris le relai. Et comme le marché vidéo se casse la gueule, c’est déjà chouette qu’ils aient pris la peine de faire une édition collector. C’est sûr que si ça avait été une production Ankama ou Label 619, on aurait poussé les potards. Mais là, on ne gérait pas tout ça, c’est l’argent d’AB qui est en jeu. Notre rôle à surtout consisté à fournir les visuels et le matériel. Beau [...]

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