
Rencontre Eihi Shiina
Dans quelles circonstances avez-vous été amenée à représenter le Japon au concours de mannequinat Elite Model Look ?
Ça remonte à longtemps. J’avais eu la chance de figurer dans une campagne de pub de la marque Benetton à Paris, et c’est ce qui m’a permis, un an plus tard, de participer à ce concours.
Vous avez été l’un des visages de Benetton et avez posé pour de nombreux magazines. Quels souvenirs gardez-vous de cette époque ?
Tout s’est enchaîné assez soudainement. J’étais au Japon et on m’avait demandé de me rendre à Paris. Je m’étais déplacée sans savoir pour quelle raison et comment cela allait se passer. Là-bas, personne ne parlait japonais… J’ai posé pour toute une série de photos sous la direction du grand photographe italien Oliviero Toscani (auteur de plusieurs campagnes-chocs pour la marque Benetton – NDR). Je me souviens que nous avions du mal à communiquer, parce qu’il ne me comprenait pas, et vice versa. En général, j’apprécie l’atmosphère des photo-shoots, où l’on crée un véritable univers en un instant. Tout réside dans l’art de capter ce moment. Il n’est pas forcément utile de parler la langue des autres personnes impliquées pour y parvenir. Comme je l’ai dit, je ne savais pas à quoi m’attendre et si maintenant, on me proposait la même chose, je serais sans doute trop effrayée pour faire le grand saut et prendre l’avion pour Paris. À l’époque, j’étais plus intrépide et je n’ai pas eu à le regretter. Ce furent des expériences très excitantes. Je me suis énormément amusée en profitant de chaque seconde passée en compagnie de ces artistes.
Basculer de la mode vers le cinéma, était-ce une évolution logique et mûrement réfléchie ?
Pendant quatre ans, j’ai été très occupée et ma vie ressemblait à des montagnes russes. Je voyageais constamment à travers le Japon et à l’étranger pour mon travail de mannequin. Tout est allé très vite. Quand j’ai atteint le top de ma carrière de modèle, je ne me voyais pas aller plus haut et j’ai dû me trouver un autre objectif. J’ai donc fait un break pour réfléchir à mon futur et c’est à ce moment qu’Isao Yukisada m’a approchée pour savoir si je voulais jouer dans Open House. Tout a découlé de cette rencontre, même si j’adorais déjà me rendre dans les salles pour découvrir des tas de films.
Plus précisément, comment avez-vous décroché votre premier rôle dans ce drame de Isao Yukisada ?
Je n’avais pas d’expérience d’actrice et ne savais pas ce qu’Isao Yukisada attendait de moi. Je lui en ai parlé et il m’a répondu qu’il me voulait telle que j’étais. Il avait décelé quelque chose en moi et aimait ce que je dégageais à l’image. D’une certaine façon, c’était un peu similaire à mes débuts dans le mannequinat : je me suis jetée dans le grand bain, sans plus de précaution ! (rires)
Peu de personnes savent que vous êtes l’auteur d’un recueil de photos et de poèmes (No Filter, Only Eyes, 1999). D’où vous vient cette passion pour la poésie et la photographie ?
En fait, j’y ai travaillé lorsque j’ai pris du temps pour moi, après avoir stoppé mon activité de mannequin. C’était juste avant que je joue dans Open House. J’ai commencé à prendre des photos et j’étais devenue l’élève d’un célèbre photographe japonais appelé Naoki. Pour la première fois de ma vie, au lieu d’être devant l’appareil, je me trouvais derrière. Au même moment, je me suis mise à écrire des poèmes pour accompagner ces photos. Je voulais que l’alliance entre mes clichés et ma poésie se rapproche du kamishibai, une forme d’art traditionnel au Japon (kamishibai signifie littéralement « pièce de théâtre sur papier » – NDR). Il s’agit d’images – souvent des dessins – qui défilent dans un petit théâtre [...]
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