
Rencontre : Bryan Bertino
Vous avez expliqué durant le podcast « The Movie Crypt » que Mockingbird est le film le plus important de votre carrière non pas pour sa valeur artistique, mais pour ce qu’il vous a appris. Pouvez-vous développer ?
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Pour tout un tas de raisons, je n’ai rien tourné pendant plusieurs années après la sortie de The Strangers. Parfois, c’était de ma faute, et parfois, j’avais juste l’impression que Hollywood ne comprenait pas le genre d’histoires que je voulais raconter. Au bout d’un moment, la réalisation de mon deuxième film est même devenue un fardeau, car plus les années passaient, plus je me sentais dans une impasse. J’étais terrifié à l’idée de ne pas être à la hauteur de mon premier long-métrage et de m’apercevoir que ma carrière était déjà finie. Du coup, ça m’a fait du bien de faire Mockingbird, même si le résultat n’est pas à la hauteur de mes attentes, d’autant que j’ai été déçu de ma collaboration avec un studio (Universal Pictures – NDLR). L’expérience m’a poussé à accepter la réalité et à assumer ma personnalité. Je suis quelqu’un de passionné, et rien ne peut changer cela. Quand on chute, il faut avoir la force de se relever et c’est ce que j’ai fait. Ma carrière ne s’est pas terminée avec Mockingbird, même s’il n’a pas su toucher le public. Bizarrement, ça m’a donné l’impression de pouvoir reprendre ma carrière à zéro.
Comment vous est venue l’idée de mélanger le film de monstre et le drame familial avec The Monster ?
Quoi que je fasse, je finis toujours par écrire sur des protagonistes brisés et perdus. Je suis attiré par ce type d’histoires, allez savoir pourquoi. En dépit de leurs défauts, j’aime mes personnages, et je trouve intéressant de montrer comment la peur s’immisce dans une vie dominée par l’indécision et la torpeur. En tant que scénariste, c’est difficile pour moi de plonger mes personnages dans l’horreur, mais allez savoir pourquoi, c’est la voie qu’ils doivent suivre. Au risque de paraître sentimental, je suis heureux de les voir se transcender au fil de l’histoire. The Monster part d’une idée très simple : les parents disent à leurs enfants que les monstres n’existent pas. Mais si ces histoires étaient pourtant vraies ? C’est un peu l’idée selon laquelle nous cachons tous en nous un monstre, un démon que l’on combat au quotidien d’une manière ou d’une autre. Les enfants ont besoin d’un père et d’une mère pour les guider, mais que se passerait-il s’ils ne pouvaient pas faire confiance à leurs parents ? Quelles options s’offriraient à eux ?
À l’instar de vos précédents films, The Monster prend son temps pour instaurer une dynamique forte entre des personnages traités de façon peu consensuelle. Ce n’est pas tous les jours qu’on voit une mère répéter « Va te faire foutre » à sa fille…
J’essaie autant que possible de créer une balance entre les aspects dramatique et horrifique de mes histoires. Je veux créer un environnement qui permet aux acteurs d’explorer l’aspect dramatique, tout en construisant de mon côté un univers horrifique à destination du public. Je ne veux pas que la forme entrave le jeu des comédiens, mais je dois tout de même faire attention aux impératifs liés à la partie « horreur ». Pour le flash-back dans le garage que vous évoquez, j’ai compris lors des répétitions que je devais me mettre en retrait au vu de la puissance du jeu d’Ella Ballentine et Zoe Kazan. Je ne voulais pas chercher à me couvrir et ainsi risquer de les gêner. Plus ce genre d’instant est réel, plus le public a des chances de pénétrer dans l’intimité des personnages. Et si cela fonctionne, cela me donne plus de latitude pour lui faire peur, car il se sent investi.
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