Rencontre : Bobbypills

Surveillez vos écrans de téléphone, car c’est par leur biais qu’une révolution animée se prépare. Le jeune studio français Bobbypills vient en effet d’enfanter un trio de séries totalement mad, à base d’insectes flics, de Dora l’exploratrice porno et de psychanalyse post-apo. On a voulu en savoir plus, avec à la clé une discussion débridée avec Yves Bigerel, dit Balak, et Alexis Beaumont, tous deux directeurs artistiques du studio (et respectivement réalisateurs de Super Fuck Friends et Vermin), accompagnés de Marc Aguesse, le monsieur com’ de la structure.
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Bobbypills, c’est quoi ? Il faut remonter à la source, en l’occurrence Blackpills, service de vidéo à la demande spécialisé dans les formats courts à destination des écrans mobiles (téléphones et tablettes) fondé début 2017 par Xavier Niel (patron de Free), Daniel Marhely (cofondateur de Deezer) et Patrick Holzman (cofondateur d’Allociné). Des boss français pour une vocation internationale, puisque le service est disponible en Europe et aux USA (où un partenariat avec Vice a été mis en place) et propose doublages et sous-titres en anglais, français et espagnol. Plutôt positionné sur le créneau porteur du « jeune adulte » (environ 15/30 ans), Blackpills n’a pas voulu laisser de côté l’animation et a donc contacté l’un des rares pourvoyeurs de programmes animés à destination de ces fameux jeunes adultes, à savoir Bobbyprod, les trublions derrière les hilarantes websériesLes Kassos et Monsieur Flap. Chapeauté par le producteur David Alric, Bobbypills devient donc un label voué à produire de l’animation pour Blackpills, avec une marge de manoeuvre extrêmement large et une souplesse inédite (les studios de doublage sont dans les locaux mêmes de la structure, et les projets peuvent mettre moins d’un an à aboutir entre le pitch et la livraison du produit fini). Le résultat ne s’est pas fait attendre, puisqu’en à peine douze mois, Bobbypills a enfanté trois séries composées d’épisodes d’environ dix minutes. Trois bombes officiant dans des genres très différents, confiées à des créatifs pas vraiment enclins à la demi-mesure. La première, Vermin, disponible sur l’application Blackpills (sur Apple et Android) dès le 9 avril, est un pur buddy movie policier chez les insectes réalisé par Alexis Beaumont (Les Kassos) et coécrit par Balak. Celui-ci, de son côté, a signé Super Fuck Friends, qui pervertit l’animation dite « pre-school » (séries pour très jeunes enfants aux ambitions artistiques souvent limitées, voire inexistantes) afin de l’emmener sur les terres du porno éducatif et du pétage de plombs (diffusion avant l’été). Et pour finir, une série sur laquelle nous reviendrons plus avant dans un prochain numéro, Crisis Jung, réalisée par une bonne partie de l’équipe de Lastman (Jérémie Perrin et Baptiste Gaubert en sont les créateurs, le second coréalisant avec Jérémie Hoarau), qui analyse une rupture amoureuse selon les préceptes du psychiatre Carl Gustav Jung, et prend la forme d’une parodie de… Ken le survivant. Autant dire que ça risque de méchamment déloger le stérilet de la ménagère de moins de 50 berges !


Aujourd’hui, le milieu s’interroge sur les nouveaux modèles de diffusion de l’audiovisuel. Celui choisi par Blackpills, « mobile only », ne peut-il pas être frustrant pour les créateurs qui auraient peut-être envie que leurs bébés soient vus dans les meilleures conditions possible ? 

Balak : Est-ce qu’on répond franchement à cette question ? (rires)

Marc Aguesse : Blackpills est prévu sur AppleTV, donc forcément, le modèle va évoluer. Je rappelle que la structure n’a qu’un an, et pour l’instant, c’est gratuit. Il n’est pas dit que plus tard, les formats ne changeront pas. Et si tu es un peu geek, tu peux facilement projeter les images de ton téléphone sur ta télé. Donc, la question du terminal de diffusion n’est pas bloquée.

B. : Aujourd’hui, les écrans de mobile ont une définition de malade. Et de toute façon, tout un chacun peut regarder sur son téléphone un long-métrage ou une série qui n’a pas été pensé pour le support, et ça fonctionne. Mais ça peut être frustrant, car au final, on ne sait pas comment tout ça va évoluer. Tout le monde tâtonne. À un moment c’est « mobile first », après c’est « mobile only », après c’est « mobile sur la commode »… Forcément, on trouve ça un peu frustrant qu’il faille absolument avoir un smartphone et une application pour voir nos séries, on est des créateurs, des auteurs, on produit des programmes pour que les gens puissent les voir.




Quels ont été les critères de choix de ces trois premi&eg [...]

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