Rencontre Bai Ling
Beaucoup vous ont découverte dans The Crow. Dans quelle atmosphère s’est déroulé le tournage, sous la direction d’Alex Proyas ?
Alex est un réalisateur brillant. Il court après des visions plus grandes que lui et a réalisé des vidéo-clips qui ont affuté son sens visuel. Il m’a choisie alors que je ne ressemblais pas du tout au personnage. Au casting, j’ai débarqué habillée d’un jeans, d’un simple tee-shirt, sans make up et pas du tout sexy. Très innocente, en fait. Lorsque j’ai vu toutes les candidates, avec leur look gothique, leur rouge à lèvres noir et leurs piercings, je me suis dit que je n’étais pas à ma place. Je suis partie, pensant que je n’aurais aucune chance de décrocher le rôle, et mon agent a tout fait pour tenter de me joindre. À cette époque, les téléphones portables n’étaient pas encore répandus et je n’avais pas de logement fixe. Quand mon agent a enfin réussi à me parler, il m’a affirmé qu’ils voulaient me revoir. Je devais m’acheter une robe moulante et du maquillage avant de me représenter au casting, car mon personnage est très glamour, sexy avec une allure presque « mystique ». Très loin de l’étudiante étrangère à laquelle je ressemblais ! Quand je me suis de nouveau retrouvée face à l’équipe du film, ils m’ont dit qu’ils avaient apprécié ce que je leur avais montré la veille, mais qu’ils voulaient que je joue la scène comme une femme manipulatrice, expérimentant son pouvoir d’attraction. Ils ont été heureux de ma performance et m’ont confié que les autres actrices correspondaient plus à la dégaine du personnage, mais que contrairement à elles, j’avais ce qu’il fallait au fond de moi pour l’incarner : ce feu qui me brûlait de l’intérieur. C’est en m’exilant à l’Ouest que je me suis trouvée confrontée à cette facette de ma personnalité : une femme consciente de son sex-appeal et qui le revendique. En Chine, je n’étais qu’innocence et pureté. Aux États-Unis, ils m’ont donné l’espace nécessaire pour m’épanouir en tant que femme. Durant le tournage de The Crow, j’étais très proche de Brandon Lee. Chaque jour, nous passions deux heures au maquillage – assis l’un à côté de l’autre – et il m’apprenait à jouer aux jeux vidéo. Un jour, il m’a lancé : « Bai Ling, j’ai entendu dire que tu es Chinoise ? ». J’ai abondé dans son sens et il m’a affirmé qu’il l’était aussi. Je ne voulais pas le croire, parce que pour moi, il était trop blanc pour l’être ! Il m’a dit que son père était chinois et je lui ai demandé quel était son métier. Il m’a répondu : « Une grande star de cinéma. ». J’ai voulu savoir son nom et il m’a dit qu’il s’agissait de Bruce Lee. Il était très fier de lui. Le seul problème, c’est que je ne savais pas qui c’était… Brandon était à deux doigts de mal le prendre. Vous imaginez, discuter avec la seule personne au monde qui n’avait jamais entendu parler de Bruce Lee ? Ensuite, j’ai posé la question à des amis new-yorkais et ils m’ont expliqué qui il était. On ne pourra pas m’enlever ces instants passés avec Brandon Lee et, malgré ce qui lui est arrivé, il vivra toujours à travers le film.
Parlez-nous de votre rôle dans Nouvelle cuisine (2004) et de votre rencontre avec le réalisateur Fruit Chan (à l’origine, Nouvelle cuisine était un segment du film à sketches 3 extrêmes, sous le titre Dumplings – NDR).
J’adore Mei, mon personnage dans Dumplings. Elle est belle, intelligente, sexy et malicieuse : une vraie séductrice, qui exerce son pouvoir sur les hommes. C’est Peter Chan (Peter Ho-Sun Chan , producteur du film, mais aussi réalisateur, notamment de Swordsmen – NDR) qui m’a appelée depuis Hong Kong pour me proposer le rôle. Il était excité par le projet et me l’avait décrit comme un film d’horreur. Je ne pensais pas correspondre au profil recherché, car j’étais très mince et bronzée. D’ailleurs, ça les gênait un peu, mais ils se sont dit que l’apparence du personnage ne leur importait guè [...]
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