Rencontre avec Paul J. Franklin : 2ème Partie
Interstellar
J'ai lu le scénario d'origine, et les directions qu'il empruntait étaient très différentes. L'ouverture originale, dans laquelle le trou noir apparaissait, était-elle dans le scénario que vous avez lu, ou avait-elle déjà été supprimée ?
La version du film que vous avez pu voir est très proche du scénario que j'ai pu lire au départ. C'est d'ailleurs assez typique de Chris. Il aime que ses collaborateurs puissent se reposer très tôt sur un scénario quasi-définitif. Il met beaucoup d'efforts dans l'écriture, afin que tout le monde sache quoi faire une fois la production lancée. Et non, la scène de l'apparition du trou noir n'était plus là quand j'ai lu le script.
A une époque où des space operas comme Star Trek Into Darkness mettent en scène des vaisseaux entièrement en images de synthèse, l'emploi de miniatures pour vos scènes spatiales est presque anachronique.
Chris savait qu'on pouvait obtenir des images photoréalistes avec des images de synthèse. Nous l'avions fait pour la scène de la forteresse enneigée dans Inception, seule la destruction finale étant réalisée avec des maquettes. Mais pour Interstellar, nous voulions obtenir un style très réaliste, digne des images captées par la NASA depuis la Station Spatiale Internationale. Ce style repose sur tout un ensemble de contraintes et de lois qu'il ne faut surtout pas briser. On ne peut pas, par exemple, placer la caméra au ras de la coque, sinon une grande partie de l'image sera floue. Et d'ailleurs, le corps de la caméra ne peut pas tenir n'importe où. Quand on utilise l'image de synthèse, il est tellement facile de briser les règles qu'on finit inéluctablement par le faire. Avec des CGI, on se serait éloigné de l'esthétique mise au point durant le tournage. Et puis, nous adorons les effets miniatures de Star Wars, de Star Wars, épisode V - L'Empire contre-attaque, du premier Star Trek, et évidemment de 2001, l'odyssée de l'espace ! Cinquante ans après, ces effets sont toujours exceptionnels. Bien sûr, nous n'essayons pas de copier ces films. Nous essayons de proposer une approche originale ; quelque chose en quoi les spectateurs pourraient facilement croire.
Pour revenir très brièvement sur la projection frontale (cf. interview in Mad Movies 280), comment avez-vous créé les images projetées derrière les acteurs ?
Notre équipe à Londres a mis au point très tôt de nouveaux logiciels pour créer le trou noir, l'espace et les planètes. Chaque soir avant le tournage d'un scène, ils m'envoyaient du contenu par FTP, contenu que nous pouvions modifier sur nos ordinateurs portables, et chorégraphier très facilement en fonction des besoins de chaque scène. Pour ce qui est des panoramas spatiaux, ils sont tous générés en images de synthèse, mais se basent systématiquement sur des informations recueillies par satellites. Pour la Terre, nous avions des références haute définition extrêmement nombreuses, mais plutôt que de produire des matte paintings digitaux, nous avons créé un générateur terrestre, pr [...]
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