Ready Player one de Steven Spielberg

Steven Spielberg a-t-il livré, comme nous l’espérions, le digest pop ultime censé lui permettre de remonter sur le trône du roi de l’entertainment qu’il a longtemps occupé ? Ou s’est-il heurté, comme nous le craignions, au cynisme vraisemblable qu’une telle entreprise ne pouvait manquer d’exhaler par ses inclinations geeks par trop évidentes ? Les réponses, ici, tout de suite !
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POUR
Sans effort, Steven Spielberg remplit haut la main le premier contrat de Ready Player One : décrypter le marché tentaculaire de la pop culture et la manière dont les corporations vampirisent la nostalgie des geeks avec leur consentement. À l’écran, des hordes de nerds en uniforme sont payées par la multinationale IOI pour servir les intérêts du conseil d’administration et des actionnaires, profanant ainsi ce qu’ils étaient censés défendre. S’il n’a pas vocation à entrer dans de longs discours à la Alan J. Pakula ou Sidney Lumet, Ready Player One contient bel et bien la charge politique promise, ainsi qu’un commentaire sociologique plus pertinent que la moyenne. Signant son oeuvre la plus intime depuis Arrête-moi si tu peux (le parallèle entre Wade Watts et Frank Abagnale Jr. est évident), Spielberg braque ses projecteurs sur la figure de l’homme-enfant pour exorciser des contractions semble-t-il très personnelles. L’apparition finale de James Halliday, créateur tout-puissant de l’OASIS, est parlante. Dans une scène absente du roman, le personnage s’anime sous deux formes synchronisées, l’une adulte, l’autre enfant, dans le confort d’une chambre de préadolescent faussement inoffensive. Sur un mur, un bouton rouge vif contrôle en effet l’entertainment mondial ; cette industrie que Spielberg, éternel gosse enfermé dans un corps vieillissant, obligé de composer avec le monde des avocats et des banquiers, aura contribué à forger 40 années durant.
Poursuivant les recherches de l’auteur sur l’altération du réel par la technologie (Minority Report) et la naissance d’une nouvelle conscience synthétique (A.I. intelligence artificielle), Ready Player One est aussi une déclaration d’amour remarquablement mesurée à l’univers du jeu vidéo. Hardcore gamer depuis l’Atari 2600, Spielberg pèse constamment les avantages et inconvénients de cette passion dévorante, et considère ses dérives sans pour autant tomber dans un discours réactionnaire. Bien au contraire, Ready Player One est le tout premier film à vraiment saisir l’essence du gaming, et des liens qui unissent les créateurs de jeux aux joueurs eux-mêmes. L’idée que la quête repose sur un glitch cach&eacu [...]

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Commentaire(s) (2)
gpl
le 11/04/2018 à 11:46

Pour le coup je suis complétement d'accord avec le parallèle avec Catch me if you can. J'irais même plus loin. Abignale Jr était l'incarnation devant la caméra de Spielberg lui même. A l'époque Spielberg était contesté (AI était le projet de Kubrick, Minority Report n'était pas le succès escompté et Catchme if you can était un défi lancé aux spectateurs : Catch me if you can! Chacun des rôles joués par Abignale Jr était comme un genre ciné exploré par Spielberg. De cette fuite éperdue vers l'avant Spielberg est sorti gagnant avec des films remarquables comme Munich et War of the worlds.
Avec RPO il s'agit encore de lui dont Spielberg parle. 15 ans après Catch me if you can Spielberg fait un nouveau point sur sa carrière. Quel avenir a t'il? Vers quelle direction doit-il aller?
Seul lui a la réponse à cette question - mais même si j'ai beaucoup aimé le film je dois avouer que le simple fait qu'aucune mythologie nouvelle ne sorte de RPO me fait plus craindre un film testament (le monsieur a 72 ans) qu'un nouveau chapitre dans sa carrière.

G.C.M
le 04/07/2018 à 13:56

Pour aller dans le sens de GPL, j'irais même plus loin. Tout comme Shinning était biofilmie (biographie mais en film) de Kubrick, moi j'ai vu dans RPO une "biofilmie" de notre cher Spielberg (noté la date de naissance du Hallyday).
Bref, je suis mitigé car en tant que film divertissant c'est raté, mais comme objet d'étude plus profond qu'il n'y parait, je crois qu'il faut le revoir, encore et encore et encore (comme Shining)

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