QUE LA BÊTE DEMEURE

Furie

Glorieuse réminiscence de cette époque où le cinéma de genre français osait s’emparer des sujets de société les plus brûlants, le second long-métrage d'Olivier Abbou ramène enfin un peu d’incorrection dans un paysage devenu trop sage.

En 2011, le cinéma de genre d’origine française contrôlée se dotait d’un petit nouveau, venu pour en découdre. Territoires plongeait des corps étrangers dans une Amérique profonde post-Guantanamo, hantée par ses crimes et ses laissés-pour-compte, et les malmenait avec la méchanceté requise pour marquer les cerveaux. Encore plus dingue, Territoires échappait à la catégorisation « pas mal pour un film français » : c’est un sacré bon film, point. Corrosif, aux digressions planantes, avec un sens du saugrenu suffisamment maîtrisé pour ne jamais faire sortir des enjeux de l’intrigue. Le second long-métrage d’Olivier Abbou est dès lors attendu avec impatience ; le temps accomplit son office et expulse le cinéaste des radars cinématographiques pour le rapatrier sur la petite lucarne, comme il s’en explique avec une pointe d’amertume dans les pages suivantes. Son comparse scénariste Aurélien Molas le convainc finalement de s’atteler à la transposition cinématographique d’un fait divers déroutant, qu’ils traitent à juste titre comme les prémices idéales à un thriller domestique fucked up à souhait : un couple s’en revient de vacances pour trouver les serrures de leur domicile changées, et leurs amis dans le besoin, à qui ils avaient confié leur propriété, bien décidés à rester. Le temps que la justice règle le litige, le couple se voit forcé de vivre pendant huit mois dans son camping-car, trêve hivernale oblige. Sur cette trame, le duo créatif brode de nombreux motifs amenés à se télescoper : Paul, le héros racisé (Adama Niane, sur la corde raide dans un rôle franchement pas évident), remet en question tout son processus d’intégration. Sa virilité en prend un coup, il découvre les joies de la masculinité toxique auprès de Mickey, un pur mâle alpha (campé par Paul Hamy, avec sa façon si singulière de puer le sexe en permanence)… D’apparence broui [...]

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