Preview : Ça, chapitre II + Interview : Andy Muschietti, Barbara Muschietti

Ça, chapitre II

En octobre dernier, nous avons visité le tournage du second volet de l’adaptation du fameux pavé écrit par Stephen King. Alors, qu’est-ce que cette suite aux dimensions élargies va bien pouvoir retenir d’un roman aux multiples ramifications ? Premières réponses via une pelletée d’entretiens avec les principaux concepteurs du film : le réalisateur Andy Muschietti, sa soeur aînée et productrice Barbara, mais aussi le directeur photo Checco Varese, le décorateur Paul D. Austerberry et le costumier Luis Sequeira.
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L’avion d’Air France nous emmène au Canada, à Toronto, où sont tournés les intérieurs du très attendu Ça, chapitre 2. Il nous emmène aussi là où commencent les choses sérieuses. Les lecteurs de Stephen King connaissent le topo : c’est sa structure particulière, développant en parallèle deux époques distinctes, qui faisait tout le prix du roman original. Après l’assassinat de son petit frère Georgie, le jeune Bill Denbrough devient le chef d’une bande constituée d’autres préados en rupture de ban, qui s’appellent eux-mêmes « le club des ratés ». Ensemble, ils viendront à bout de l’entité innommable ayant tué Georgie, qu’ils ont simplement baptisée « Ça » et qui prend parfois la forme du clown ricanant Pennywise. Vingt-sept ans plus tard, ils se sont tous perdus de vue, et ont même largement oublié leur aventure passée. Mais ils sont soudain sujets à des hallucinations infernales lorsque Mike Hanlon, le seul du groupe à être resté dans leur ville natale de Derry, les contacte pour leur dire que Ça est revenu. Les sept anciens amis se réunissent ainsi pour en finir définitivement avec le pitre de malheur…



PLUS AMPLE, PLUS AMBITIEUX
Prudemment, Ça avait abandonné cette double temporalité pour mettre en scène uniquement les gamins. Avec, à la clé, un retentissant succès commercial, qui a relancé la mode des adaptations de Stephen King. Mais à l’inverse, le Chapitre 2 reproduira bel et bien la structure du roman. Le réalisateur Andy Muschietti nous l’a confirmé : des flashes-back avec les jeunes acteurs du premier film viendront émailler le récit contemporain, où les mêmes personnages sont désormais interprétés par des comédiens assez, voire très connus. Ce dernier point est d’ailleurs un bon signe. L’une des principales faiblesses du chapitre 1 résidait en effet dans sa peinture du groupe. Seuls trois des « ratés » étaient vraiment développés (le charismatique Bill Denbrough, la belle Beverly Marsh et le potelé Ben Hanscom), et les quatre autres étaient un peu sacrifiés. La nécessité de satisfaire les égos d’acteurs adultes fera peut-être en sorte que chacun des sept personnages ait sa part du gâteau. Muschietti nous a cependant appris que le triangle amoureux formé par les trois B (Bill, Beverly & Ben, maintenant joués par James McAvoy, Jessica Chastain et Jay Ryan) sera bien de la partie, même s’il sera traité un peu différemment du bouquin. Une approche qui semble résumer l’adaptation en général…
Interrogé par nos soins sur le plateau, le réalisateur a insisté sur sa fidélité à l’un des thèmes majeurs du roman : le travail mémoriel des héros, qui doivent rouvrir leur esprit à leurs souvenirs d’enfance (racontés dans des pages intercalées dans le livre, donc) pour trouver le moyen d’abattre la bête immonde. Mais pour le reste, le film semble parti pour charrier des éléments divers et variés : développement d’inventions posées dans le premier volet, reprise et transformation de détails du bouquin, complètes nouveautés… En particulier, les hallucinations macabres assaillant les personnages sont parfois inédites. Nous avons ainsi assisté au tournage d’une scène voyant l’hypocondriaque Eddie Kaspbrak retomber sur ce qui est pour lui le pire avatar de Ça (le clochard, alias le lépreux) dans le sous-sol d’une pharmacie – la séquence est décrite dans l’entretien avec la productrice Barbara Muschietti, la soeur d’Andy. Bref, voilà beaucoup de choses à gérer. Mais cette suite est justement annoncée comme une oeuvre très ample et ambitieuse : certaines sources indiquent trois heures de durée pour ce seul Chapitre 2. Pour l’heure, la plupart des secrets restent bien gardés. Des interviews avec divers membres de l’équipe, à lire dans les pages qui suivent, permettent cependant de commencer à assembler les pièces du puzzle, notamment en ce qui concerne la présence de plusieurs aspects emblématiques du roman.



ATTENDEZ-VOUS À UN CHOC !
Au détour d’une visite de plateau, le production designer Paul D. Austerberry nous a par exemple révélé que Ça, chapitre 2 tiendra compte du métier de Bill Denbrough, devenu en grandissant un célèbre écrivain d’horreur à la manière de Stephen King lui-même. Des scènes feraient ainsi intervenir un film dans le film adapté d’un de ses bouquins. Quant au costumier Luis Sequeira, il nous a montré une défroque de clown laissant penser que des scènes feront référence aux apparitions récurrentes de Pennywise tout au long de l’Histoire de la ville de Derry – pour les spécialistes, il s’agit de l’avatar répondant au nom de « Bob Gray ». Mais la plus grosse info nous a été dévoilée dans l’atelier de l’accessoiriste Christopher Geggie, quand nous y avons aperçu un vase préhistorique représentant l’arrivée sur Terre de Ça, sous les yeux d’une tribu amérindienne. Andy Muschietti nous l’a ensuite confirmé, le film inclura bien l’un des éléments les plus populaires du roman : le Rituel de Chüd, cérémonie peau-rouge consistant à s’enfermer dans une pièce remplie d’une épaisse fumée, jusqu’à ce que la suffocation provoque une transe permettant de voir le monde parallèle où Ça se réfugie quand il ne tourmente pas les humains.
Quoi d’autre ? Dans le stock de Geggie, nous avons aussi remarqué des fortune cookies. A priori, le film reprendrait donc le dîner de retrouvailles du Club des Ratés dans le restaurant chinois de Derry, conclu par un moment de cauchemar où les aliments se transforment en substances répugnantes. Enfin, nous avons eu la primeur d’une révélation qui a eu pour effet de mettre les publicistes de la Warner dans un état d’affolement difficilement descriptible. Ils nous ont instamment demandé de ne pas divulguer la chose, pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte pour les spectateurs. Disons donc simplement que Ça, chapitre 2 comporte un petit détail qui va faire que les fans de Stephen King n’en croiront pas leurs mirettes. Attendez-vous à un choc, mais pas avant le 18 septembre… 






INTERVIEW ANDY MUSCHIETTI RÉALISATEUR

Libertés supplémentaires octroyées par les producteurs après le succès du premier volet, choix des acteurs adultes en fonction de leurs prédécesseurs en culottes courtes, respect scrupuleux du thème central d’un bouquin axé sur la mémoire perdue puis retrouvée : le réalisateur de Ça, chapitre 2 nous fait partager son expérience. 

PLUS DE BUDGET, MOINS DE PRESSION
« Le chapitre 1 avait un budget assez serré, qui nous a poussés à faire des coupes. Par exemple, la fin du scénario prévoyait une longue séquence avec de nombreux effets numériques, et je n’ai pas pu la tourner. Pour tout dire, j’ai été mal à l’aise avec la conclusion du film jusqu’à la première projection-test. Là, en voyant la réaction des gens, je me suis dit que cette fin fonctionnait, même si elle résultait d’un compromis. C’était très important pour moi, car j’étais très soucieux du ton général du chapitre 1, qui devait mêler comédie et émotion. Entendons-nous bien : dès ce premier film, j’ai bénéficié de pas mal de liberté, et j’en suis reconnaissant aux gens de la Warner. Nous nous étions mis d’accord sur les règles du jeu dès le départ, et tout le monde était content. Mais avec le Chapitre 2, en plus d’une augmentation du budget et du nombre de jours de tournage, j’ai pu profiter de la pleine confiance des gens du studio, qui m’ont fait très peu de remarques. Au niveau personnel, j’ai ainsi pris beaucoup plus de plaisir que sur le premier film. Avec ce dernier, je devais faire mes preuves. En particulier, j’étais anxieux de savoir si les spectateurs aimeraient le clown Pennywise, s’ils le trouveraient effrayant. Or, la plupart des gens ont apprécié sa caractérisation, et son interprétation par Bill Skarsgård. Ce n’est donc plus une source de tension pour moi ! »

MYTHOLOGIE DU CLOWN
« Comme il a été défié par les gamins dans le chapitre 1, Pennywise revient dans le 2 en étant animé par la vengeance. Il est donc encore plus malin et méchant… Pour autant, il a toujours la même nature mystérieuse. J’ai particul [...]

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