PINOCCHIO de Matteo Garrone

Pinocchio

C’est paradoxalement en revenant à la lettre du roman que l’auteur de Tale of Tales (mais aussi des brutaux Dogman et Gomorra) a réussi à retrouver les aspérités d’un mythe qui est loin d’être aussi niais qu’on le croit.

Pinocchio, vous connaissez ? La question n’est peut-être pas aussi bête qu’elle en a l’air. En effet, il y a loin du matériau original au vague souvenir qu’on en garde : en gros, les innocentes frasques d’un pantin doué de la parole, dont le nez se met à s’allonger dès qu’il raconte des mensonges. Vérification faite, cette croissance nasale, bien qu’universellement connue, n’a jamais été conçue comme un gag à répétition, apparaissant juste deux fois dans le récit. Pour s’en rendre compte, il suffit de rouvrir les pages du bouquin publié en 1880 par Carlo Collodi, et c’est justement ce qu’a fait Matteo Garrone, qui en propose ce qui est sans doute l’adaptation la plus fidèle à ce jour. Et on doit constater qu’en matière de roman d’apprentissage pour enfants, c’est plutôt du genre rude.




RICHESSE DE PÂTE
Soit donc un menuisier pauvre comme Job, Geppetto (Roberto Benigni), qui se fabrique un pantin en bois, et voit avec stupeur la marionnette s’animer d’une vie propre. Il est loin d’être au bout de ses peines. Baptisé Pinocchio (Federico Ielapi), l’homoncule échappe à son créateur dès qu’il a appris à mettre un pied devant l’autre. Plus généralement, le garnement n’en fait qu’à sa tête et réclame sans cesse à bouffer, tout en refusant mordicus d’obéir, d’aller à l’école et de travailler. Le récit progresse ainsi comme une série de catastrophes : après avoir fait amende honorable et promis qu’on ne l’y reprendrait plus, Pinocchio fait à nouveau un choix désastreux, dont il doit payer les conséquences. Même si chacune de ces situations malencontreuses trouve rapidement une solution heureuse, c’est donc une cascade d’avanies qui s’abat sur le pauvre pantin. Tout en restant dans le cadre d’un cinéma très familial (ton petit frère peut venir, y a pas de souci), Garrone ne recule aucunement devant ces épisodes dramatiques voire un peu effrayants, qu’il prend véritablement à bras le corps. Un seul e [...]

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