Parasite de Bong Joon Ho

Parasite

Soudain la Palme. Parasite, projeté il y a quelques semaines dans l’arène cannoise et encore sous le coup d’un pacte de non-spoilers imploré par son réalisateur (qu’on respectera sagement, promis), a recueilli un plébiscite sans précédent dans l’Histoire du cinéma coréen. Pourquoi une telle unanimité ? Tentons une réponse en plusieurs actes.
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Commençons par évoquer une drôle de relation, toute en attirance et ghettoïsation, entre Cannes et la Corée. Par exemple, depuis quelques années, les sélectionneurs du festival ont curieusement ethnicisé la « fameuse » séance de minuit devenue, sans qu’on ne sache trop pourquoi, un rendez-vous coréen annuel quasi gravé dans le marbre. Tout commence en 2014, avec le mauvais remake d’un mauvais film français (The Target de Yoon Hong-seung, tiré d’À bout portant de Fred Cavayé). Pas d’embellie en 2015, avec le laborieux The Office de Hong Won-Chan, dont seul Gilles Esposito a semble-t-il goûté les subtilités horrifico-bureaucratiques. En 2016, l’excellent Dernier train pour Busan de Yeon Sang-ho faisait son petit effet, tandis que The Villainess de Jung Byung-gil, programmé en 2017 aux côtés du sympathique Sans pitié de Byun Sung-hyun, assommait son auditoire avec plus de deux heures de plans subjectifs spectaculairement nauséeux. L’avant-dernière moisson affichait plus de vigueur, avec The Spy Gone North de Yoon Jong-bin, un très beau film d’espionnage répondant sans rougir au Pont des espions de Steven Spielberg. Cette année, il fallait compter sur un énième thriller bien peigné avec The Gangster, the Cop, the Devil de Lee Won-Tae, dont nous vous parlerons le mois prochain dans notre compte-rendu habituel. On pourrait élargir cet inventaire en citant le The Strangers de Na Hong-jin, balancé en séance spéciale alors qu’il aurait bien mérité sa place – aux côtés du Mademoiselle de Park Chan-wook – en compétition officielle lors de l’édition 2016. Bref, quand ils ne sont pas ramenés à de petits objets de genre destinés à boucher les trous de la programmation, les rares films coréens accédant à la sacro-sainte compet’ repartent souvent bredouille, comme Burning de Lee Chang-dong, grand oublié du palmarès final de l’an passé. Seul Park Chan-wook (avec Old Boy en 2004, et Thirst, ceci est mon sang

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