PARANOÏA de Steven Soderbergh

Paranoïa

Le toujours imprévisible Soderbergh dégaine son smartphone pour explorer les états mentaux borderline de son héroïne… et aussi ceux du spectateur, conduit à prendre parti pour une femme martyrisée mais pas forcément très reluisante.
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Quoi qu’on pense de la carrière de Steven Soderbergh dans son ensemble, on lui reconnaîtra au moins une chose : son intérêt toujours renouvelé pour les évolutions techniques, lui permettant de se lancer dans diverses expériences cinématographiques. C’est d’autant plus méritoire que, chez lui, la passion pour la technique ne débouche pas sur des démonstrations formelles vides de sens et d’émotion. Au contraire, les nouveaux joujoux qu’il a entre les mains lui servent à créer un espace pouvant recueillir les performances suscitées par le formidable directeur d’acteurs qu’il a toujours été. Ajoutons que Soderbergh est rarement aussi bon que lorsqu’il met ses prétentions au placard pour se frotter modestement à un genre, et le compte est bon. Ici, le filmage avec un smartphone donne un thriller qui atteint des sommets dans la… paranoïa.
Cela nous saisit dès le début de la projection : la récurrence des plans fixes en grand-angle nourrit l’impression de voir un long-métrage réalisé via un gigantesque réseau de caméras de vidéosurveillance. Sauf que la sensation touche aussi bien aux plans larges, renvoyant éventuellement au point de vue d’un observateur caché, qu’à des images très rapprochées. Comme si un espion invisible essayait de rentrer dans la tête de l’héroïne. Et il n’en fallait sans doute pas moins pour pénétrer la personnalité complexe de cette dernière, superbement jouée par Claire Foy. L’actrice excelle à incarner cette femme mal embouchée, cassante… et cyniquement mielleuse dès qu’il s’agit de faire carrière, la donzelle étant aussi une employée de banque dont les dents rayent le parquet. Bon, il faut quand même dire qu’elle a des circonstances atténuantes : elle a été obligée de changer de ville et de boulot à cause des agissements d’un harceleur, et encore traumatisée, elle a sans arrêt l’impression d’apercevoir son persécuteur à chaque coin de ru [...]

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