NIFFF 2017

Du 6 au 14 juillet derniers, la ville de Neuchâtel a déployé pour la 17e année consécutive ses multiples charmes (son lac majestueux, ses fondues, son titty bar) afin d’accueillir les fantasticophiles et leur offrir, une fois de plus, un gargantuesque programme.
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Couvrir un festival de ciné est l’une des tâches les plus plaisantes au monde. Être membre d’un jury dans un festival (ici, celui de la Critique Internationale), c’est encore une dimension au-dessus. Mais n’allez pas croire que tout nous soit dû. Car nous avions une mission. Voir des films. Et en l’occurrence, le NIFFF ne nous facilite pas la vie, avec ses multiples sections et ses rétros thématiques (l’une dédiée aux comédies de SF et l‘autre à Seijun Suzuki). Bref, le genre de programme qui vous force à faire une croix sur quelques gueuletons et autres open bar, mais que voulez-vous, on est pro où on ne l’est pas.


PREMIERS CONTACTS
Le gros morceau était bien sûr la Compétition Internationale, qui contenait quelques péloches déjà citées en ces pages comme Tragedy Girls de Tyler MacIntyre, la prod’ Netflix Bushwick ou l’excellent Pris au piège d’Álex de la Iglesia. De même, l’invasion sentimentalo-extraterrestre Avant que nous disparaissions de Kiyoshi Kurosawa ne doit pas vous être étrangère, ni l’audacieux Bitch de Marianna Palka.
Pour le reste, nous avons pu découvrir deux productions françaises, l’une déjà en salles au moment du festival (la comédie youtubeuse Le Manoir, finalement moins catastrophique que ce à quoi nous nous attendions, mais comme nous attendions le néant…), l’autre en première mondiale, à savoir Hostile de Mathieu Turi, dont nous vous avons narré le tournage dans notre numéro 303. La découverte de la bête ne nous a pas totalement convaincus : partant d’une idée astucieuse pour respecter son genre post-apocalyptique avec un budget réduit (l’héroïne, harcelée en plein désert par un monstre mutant, se rappelle de sa rencontre avec l’homme qui changea sa vie dans le monde d’avant), le scénario souffre d’une love story bien trop mièvre pour susciter l’émotion. Dommage, car Turi fait indéniablement montre d’une vraie sincérité et d’une réelle aptitude visuelle.
Passons rapidement sur l’épuisant Reset, production de SF sino-coréenne chapeautée par Jackie Chan sur fond de paradoxes temporels, avec au menu incohérences hilarantes et CGI visibles comme un Rothschild à la Fête de l’Huma. À l’autre bout du spectre cinématographique, mais tout aussi imparfait, on trouvait la petite comédie médiévalo-paillarde The Little Hours de Jeff Baena, adaptation amusante mais trop décontractée du Decameron de Boccaccio.


CARTON ROUGE SANG
Autre petit film par son budget, l’américain Dave Made a Maze de Bill Watterson entendait tout de même faire preuve d’ambition afin d’aborder la problématique de la pulsion créative : Dave, donc, gentil branleur, décide de construire un labyrinthe en carton dans son salon. Mais comme le Tardis d’un certain docteur, la chose se révèle être « bigger on the inside »… Un pitch rigolo pour une charmante comédie d’aventure aux pièges carto(o)nesques, dont la mise en scène parfois pataude est secourue par un amusant production design low tech. Une petite bulle de légèreté avant une paire d’oeuvres ouvrant une fenêtre sur la noirceur de l’âme humaine. Dans le sépulcral A Dark Song, une femme engage un occultiste pour entrer en contact avec l’âme de son défunt fils. Le réalisateur Liam Gavin recouvre littéralement son film d’un linceul de tristesse d’où sourdent des ténèbres poisseuses, parvenant ainsi à faire oublier un script un peu trop immobile. Le pitch du taïwanais Mon Mon Mon Monsters de l’écrivain devenu réalisateur Giddens Ko n’invite pas non plus à la rigolade : d’insupportables lycéens y capturent une créature sauvage et décident d’en faire leur souffre-douleur. Sorte de teenage dark comedy ketchumienne (on pense beaucoup à The Woman), le film crucifie une génération Z déshumanisée mais est parasité par des saillies humoristiques pataude [...]

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