Écrasé, le NIFFF 2015 ! En effet, le Grand Prix, le Prix du Public et le Prix de la Jeunesse sont tous allés à Green Room, dont nous vous parlions dans notre dernier compte-rendu cannois. Pas un mauvais choix, remarquez, et le film de Jeremy Saulnier a aussi été sérieusement considéré par le jury de la critique internationale, dont votre humble serviteur faisait partie. Pour varier un peu les plaisirs, nous avons cependant distingué The Invitation. Après de difficiles expériences à Hollywood, la réalisatrice Karyn Kusama (Æon Flux, Jennifer’s Body) se refait là une santé en produisant en toute indépendance une histoire où, accompagné de sa petite amie, un jeune homme se rend à une soirée donnée par son ex, disparue de la circulation depuis deux ans. Le scénario joue ainsi à fond sur l’ambiguïté de la situation (le héros est-il parano, ou la surboum est-elle vraiment conçue pour dégénérer ?) en exploitant habilement l’arrière-plan d’un Los Angeles devenu une sorte de supermarché de sectes diverses et autres croyances à la carte, le tout jusqu’à une chute finale en forme d’apocalypse à la fois domestique et globale. 

 
OUVREZ VOS ESPRITS 

En revanche, votre compatriote s’est retrouvé un peu seul pour défendre deux autres films de qualité. Il est vrai que Gaz de France de Benoit Forgeard est une oeuvre très hexagonale, se déroulant carrément à l’intérieur de l’Élysée, où des citoyens moyens sont conviés pour une séance de brainstorming destinée à sauver la popularité d’un « président normal » élu sur la foi de ses talents de chanteur ! Le résultat déborde cependant vite de ses allures de long clip de Philippe Katerine (lequel joue génialement le chef d’État neuneu) pour prendre une ampleur inattendue, tandis que les décors (sur fond vert) deviennent de plus en plus stylisés. Pour preuve, malgré la fournaise régnant dans la salle, cet essai d’anticipation a bien fait marrer le public du NIFFF, dont l’ouverture d’esprit faisait plaisir à voir. En revanche, on reste dubitatif devant l’assez mauvais accueil ré [...]