Ne coupez pas ! de Shinichirô Ueda

Ne coupez pas !

Attention, préparez-vous au choc. Vendu comme une bête de festival pensée pour faire le buzz, Ne coupez pas ! s’impose comme le meilleur film de morts-vivants depuis Diary of the Dead de George Romero et Vote ou crève de Joe Dante (un épisode brillant de la série Masters of Horror). Ce ballet horrifique en provenance du Japon méritait bien une longue analyse.

Usité depuis les origines du cinéma, d’abord par contrainte puis par choix, le format du plan-séquence a évolué sous l’impulsion d’Abel Gance, Alfred Hitchcock, Orson Welles, Mikhail Kalatozov, Stanley Kubrick, Martin Scorsese, Robert Altman ou encore Brian De Palma. Au milieu des années 2000, suite à une décennie clippesque, Steven Spielberg et Alfonso Cuarón ont donné au plan-séquence une seconde jeunesse avec La Guerre des mondes et Les Fils de l’homme, deux mastodontes de SF construits autour de prises inhabituellement longues. Si le marketing a tardé à s’emparer du phénomène, d’autres cinéastes ont décidé de s’engager dans la brèche. Bien sûr, une sorte de surenchère implicite s’est bientôt initiée, amenant une poignée de réalisateurs à construire l’intégralité de leurs films en un seul et unique plan-séquence. Sans doute jaloux de Cuarón, oscarisé pour Gravity, Alejandro G. Iñárritu a défrayé la chronique avec Birdman en 2014, pensé comme une réponse à La Corde de Hitchcock (1948). L’année suivante, le thriller Victoria de Sebastian Schipper était lui aussi vendu autour de son plan unique. Dans ce contexte, qui avait déjà vu naître des films comme La Casa muda de Gustavo Hernández (à éviter comme la peste) et Worm d’Andrew Bowser (à découvrir d’urgence), il n’est guère surprenant de voir débarquer en provenance du Japon un film de zombies « high concept », presque entièrement tourné en une seule prise continue. Si le genre s’était prêté au plan-séquence via le génial Diary of the Dead, Ne coupez pas ! (One Cut of the Dead en anglais) propose dès ses premières minutes une mise en abyme intelligente, mettant en exergue les défis posés par ce type de filmage. À l’écran, un film-de-zombies-dans-le-film est en train d’être tourné, mais son réalisateur interrompt bientôt les comédiens, trop rigides à son goût. Fragiles, ces derniers tremblent comme une feuille devant leur patron, dont l’exigence ne fait que servir les enjeux chorégraphiques du fameux plan-séquence.



ENTRE ROMERO ET LYNCH
Alors que le cinéaste s’éclipse pour reprendre ses esprits, l’équipe entame une pause bien méritée et se met à discuter de tout, de rien et surtout de self-defense (visiblement très écrit, le dialogue aura forcément des répercussions sur la suite du récit). Une véritable invasion de morts-vivants éclate soudain ; devenu fou, le réalisateur y voit [...]

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Commentaire(s) (1)
banditmanchot
le 27/03/2020 à 17:23

Une pure merveille !

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