Max et les ferrailleurs

Mad Max: Fury Road

En dévoilant une bande-annonce apocalyptique de quatre minutes (réduite de moitié sur le Web), George Miller sera sorti grand vainqueur du Comic-Con de San Diego 2014, loin devant les mastodontes attendus. De projet mystérieux et anachronique, MAD MAX : FURY ROAD est devenu aux yeux des geeks du monde entier l’événement le plus attendu du printemps 2015. Une attente qui, pour les fans de la première heure, a commencé il y a plus de 20 ans…

Dans les Notules lunaires du numéro 83 de Mad Movies, datant de mai 1993, San Helving nous apprend que suite à l’échec de Lorenzo au box-office international, George Miller aurait l’intention de tourner un quatrième Mad Max, cette fois-ci en relief. C’est dire si l’aventure Fury Road ne date pas d’hier. « Je me souviens très précisément du jour où tout a commencé, au début des années 90. J’étais en train de traverser la route, et j’ai été frappé par une sorte d’éclair : une histoire m’est venue comme un flash. Le temps de finir de traverser, j’ai réalisé : « Oh mon Dieu... C’est un argument parfait pour un nouveau Mad Max ! ». » La série qui l’a révélé, pourtant, Miller s’en méfie. Les drames vécus en coulisse du troisième épisode, accessoirement son passeport pour Hollywood, sont encore trop présents. « La dernière chose que je voulais faire, c’était un nouveau Mad Max. Pendant des années, j’ai rejeté l’idée » avoue le cinéaste. De quoi expliquer sa présence derrière des projets aussi singuliers et innovants que Calme Blanc, Les Sorcières d’Eastwick, Lorenzo, Babe, le cochon dans la ville ou encore Happy Feet. Mais chassez le naturel… « Vers la fin des nineties, je me suis retrouvé à voyager dans un avion entre Los Angeles et Sydney. Le vol a duré toute une nuit, et j’étais dans une sorte d’état hypnotique entre conscience et sommeil. Une version du film s’est alors jouée intégralement dans ma tête – pas encore tout à fait formée, mais très distincte. Je me suis dit : « Ça recommence », et j’ai laissé glisser. Puis l’histoire s’est répétée, encore et encore, et j’ai dû l’admettre : il allait bien falloir que je réalise un nouveau Mad Max. »

 

MAX BRONSON

Une fois Miller en paix avec son inconscient, l’engrenage ne tarde pas à s’enclencher. Au début des années 2000, Mad Max : Fury Road est ainsi à deux doigts d’être tourné. Deux événements font capoter l’entreprise : d’une part, le déclin du dollar suite aux attentats du 11 septembre 2001 fait perdre au cinéaste une grande partie de son budget. D’autre part, le tournage doit avoir lieu en Namibie début 2003, mais l’invasion de l’Irak par les troupes américaines convainc les pontes de la 20th Century Fox, alors tutrice du projet, d’annuler l’opération. À cette époque, soit trois ans avant une tristement célèbre tirade antisémite qui lui attirera les foudres de Miller, Mel Gibson doit officiellement reprendre le rôle de Max Rockatansky. Indirectement écartée, l’ex-star ne réintègre pas l’équipe lorsque le projet renaît de ses cendres fin 2009, suite au bouillonnement science-fictionnel provoqué par les 2,7 milliards de recettes mondiales d’Avatar. À la colère des fans de la première heure, Miller répond par une indifférence polie. Profitant de l’occasion pour se réapproprier l’entière mythologie du personnage et l’extraire d’un héritage artistique trop marqué (on est à ce titre curieux d’entendre l’approche musicale de Junkie XL par rapport au lyrisme torturé de Brian May), le cinéaste engage Tom Hardy, révélation du Bronson de Nicolas Winding Refn, qui vient de triompher avec Inception de Christopher Nolan. « Nous avons été clairs dès le départ sur le fait qu’il serait fou d’essayer d’imiter Mel Gibson. Tom est quelqu’un comme Mel, ou comme Heath Ledger ; ces gars-là dégagent une « mâle attitude » très similaire. En un sens, ils me font penser à de gros chats : ils sont fascinants à regarder et à côtoyer, mais on ne peut jamais anticiper ce qu’ils vont faire. Ils bouillent à l’intérieur, c’est ce qui les rend extrêmement intéressants à observer. Et j’ajouterais juste une chose : Tom est un sacré bon acteur. » Fier de reprendre le flambeau de Gibson, Hardy acceptera de rester en stand-by durant plus de deux ans, entre 2010 et 2012, période ponctuée par d’innombrables rebondissements en coulisse de ce quatrième Mad Max. Sa co-vedette Charlize Theron fera de même, allant jusqu’à refuser le rôle d’Elizabeth Shaw dans Prometheus au profit d’un personnage moins substantiel, à cause de son engagement auprès de George Miller.

 


DESSINER C’EST GAGNER ?

Bénéficiant d’un temps de présence identique à celui de Tom Hardy, Theron doit interpréter l’Impératrice Furiosa, propriétaire d’un véhicule guerrier permettant aux proies faciles de traverser le Wasteland en relative sécurité. « Je n’arrive pas à penser à un autre personnage qui lui ressemble dans toute l’Histoire du cinéma. Il y a beaucoup de personnages féminins géniaux dans le cinéma d’action, mais elle est vraiment à part » promet Miller. Cette icône post-apocalyptique le fascine tellement qu’il évoque, début 2010, la possibilité de tourner deux films coup sur coup : dans un premier temps Fury Road, puis le bien nommé Mad Max : Furiosa. Le script, d’ailleurs, existe déjà. Pour enrichir l’histoire de Fury Road, dont la timeline n’excède pas quatre jours, Miller met sur pieds deux intrigues supplémentaires, l’une sous la forme d’un scénario complet, l’autre sous la forme d’un roman assez brut. Expérimental jusqu’au bout, le cinéaste refuse ironiquement d’écrire la moindre ligne pour son projet central. « Quand le projet s’est imposé, j’ai passé un contrat avec moi-même : je me suis interdit de passer par l’étape du scénario. Ce film, j’allais le préparer uniquement à l’aide de story-boards. Pourquoi ? Déjà parce qu’il s’agit d’une poursuite. Quand des gens se courent après à travers le Wastelan [...]

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