
MATIÈRE GRAY
Ad Astra
Commencer une critique du nouveau film/voyage de James Gray par un rappel des faits très terre à terre pourra sembler horriblement cartésien. On devrait regarder vers les étoiles, comme dans le sublime premier plan d’Ad Astra, lent panoramique sur le soleil au cours duquel le visage du héros se reflète sur la visière de son casque, allégorie limpide du voyage intérieur que celui-ci s’apprête à accomplir aux confins de notre galaxie. Mais il faut pourtant commencer par nous plonger dans les chiffres et les dates. Comme ce fatidique 20 mars 2019, jour où l’ogre Disney a « mangé » la Fox. Le studio du XXe siècle est dès lors soumis à une obligation de rentabilité pour prouver sa valeur marchande. Mais peu de temps après, son Dark Phoenix se crashe violemment au box-office. La major doit de toute urgence se trouver un hit, alors que dans le même temps, de nombreux licenciements et valses de postes agitent les coulisses du studio. Or, d’ici la fin de l’année 2019, la Fox détient deux succès potentiels : Le Mans 66 de James Mangold, sur le choc Ford/Ferrari qui agita les 24 heures du Mans en 1966, et… Ad Astra. Commercialement, le film de James Gray s’annonce fragile : le cinéaste sort de l’échec commercial de son pourtant superbe The Lost City of Z. Pourtant, la présence de Brad Pitt en tête d’affiche (et au poste de producteur), tout juste auréolé du triomphe de Once Upon a Time… in Hollywood, et le précédent créé par une autre production SF de la Fox, The Martian de Ridley Scott (630 millions de recettes monde), laissent planer l’espoir. Ad Astra, avant même sa sortie, est donc un film important. Il est de fait légitime de s’interroger sur les effets de tels enjeux sur la production du long-métrage, dont la date de sortie sera plusieurs fois repoussée sept mois durant, sans parler de l'annulation de l'avant-première cannoise, officiellement pour cause d’effets spéciaux en retard… La question mérite donc d’être posée : Gray a-t-il dû changer le visage de son film pour rassurer une major (et des actionnaires) en proie au doute ? Ou, Ad Astra est-il totalement conforme aux envies du cinéaste ? La vérité est certainement entre le [...]
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