
MARIANNE SAISON 1 de Samuel Boon
Souvenez-vous : le début des années 90. Un calvaire pour l’amateur de fantastique et d’horreur au cinéma. La renaissance est venue de la télévision. En 1993, une série change le visage de l’entertainment. Non seulement X Files lance à elle seule la « série mania » qui a fait bouger les lignes de pouvoir entre les grand et petit écrans, mais le show de Chris Carter relance aussi et surtout l’intérêt du public pour le fantastique, la science-fiction et l’horreur. Mais en France, le mouvement est à sens unique. On regarde le genre des autres, on ne croit pas au sien. Au fil des ans, des producteurs, cinéastes et scénaristes (vous connaissez les noms) ont bien tenté d’inverser la tendance – essentiellement sur grand écran –, mais le genre français n’a jamais réussi à s’implanter dans l’imaginaire des spectateurs. Chris Carter, lui, n’avait pas attendu que le public vienne communier avec lui dans les multiplexes. Il a infiltré les foyers. Le fantastique n’était pas dans les salles obscures. Il était là, dans le salon. Et il y est toujours, 26 ans plus tard, notamment sur Netflix, qui s’est invité sur tous nos écrans. Non pas que la diffusion de Marianne sur la plateforme de SVOD soit la seule qualité de la création de Samuel Bodin. Car Marianne est une vraie série fantastique et horrifique française : si Bodin et son coscénariste Quoc Dang Tran font très attention à éviter toute franchouillardise rédhibitoire, ils ne tentent à aucun moment de déraciner leur histoire des frontières fictionnelles de l’Hexagone. Et même si la série est souvent empreinte d’influences trop visibles (remplacez la sorcière par un clown, et vous obtenez une adaptation bretonne de Ça), elle a le bon goût de revendiquer ses diverses inspirations (James Wan, L’Île aux trente cercueils, les mangas horrifiques via une créature flippante à la Junji Ito façonnée par Olivier Afonso) sans jamais les laisser étouffer l’essentiel : les personnages. Que ce soit l’héroïne (Emma, jeune romancière à succès qui revient dans la ville de sa jeunesse pour affronter le Mal qui la poursuit), ses parents ou ses amis d’enfance, tous prennent au fur et à mesure des huit épisodes une épaisseur décuplée par la cruauté émotionnelle des épreuves qu’ils traversent. Bodin soigne son bébé en choyant ses cadres et ses ambiances (belle photo de Philip Lozano), tout en ayant l’intelligence de ne pas seulement laisser parler la poudre lors des scènes de flippe (certaines d’une efficacité redoutable), mais aussi lors de passages plus intimes, où la caméra et le montage se font aussi pourvoyeurs de sens que le jeu étonnamment incarné des comédiens (mention spéciale à Victoire Du Bois et Ralph Amoussou). Ainsi, Marianne n’est pas qu’une histoire comme tant d’autres avec quelques efficaces scènes de genre : c’est une histoire de genre efficace comme tant d’autres devraient l’être. Confectionnée avec un amour manifeste, un talent indéniable, et une candeur parfois maladroite (certaines ruptures de ton sont un peu trop franches) mais empreinte d’une irrépressible envie de fantastique. Déjà considérée comme un phénomène outre-Atlantique, cette « petite » série pourrait bien être l’étincelle qui, contrairement à celle, trop tôt éteinte, de courageux prédécesseurs, prouvera enfin que le genre français n’est pas une équation impossible &agr [...]
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Coltaine
le 11/10/2019 à 13:41Mouais... alors c'est vrai que ça se regarde, ya de bons trucs et j'ai pu voir les 8 épisodes sans souffrir mais ça casse quand même pas trois pattes à un canard. Je ne comprends pas qu'on puisse trouver l'actrice principale douée : j'ai trouvé son jeu ridicule et faux la plupart du temps. Seule la mégère urophile est au-dessus du lot mais c'est vraiment la faiblesse de la série sinon, le jeu des comédiens. La photo n'est pas dégueu du tout, c'est plutôt bien réalisé, ça n'a pas le côté cheap de beaucoup de séries françaises. Mais ya encore du boulot pour faire un truc dément quoi...