Mamoru Hosoda

Mamoru Hosoda a jusqu’ici accouché d’oeuvres qui, à première vue, peuvent sembler plutôt disparates. Rien n’est moins vrai. Retour sur une filmographie bien plus cohérente et personnelle qu’il n’y paraît, où le réel et le fantastique se côtoient avec harmonie, et dont les aléas dessinent en creux le portrait d’un créateur dévoué à son art.
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DIGIMON ADVENTURE
(1999)
DIGIMON ADVENTURE : OUR WAR GAME ! (2000)
ONE PIECE – LE FILM 6 : LE BARON OMATSURI ET L’ÎLE AUX SECRETS (2005) 

Après avoir été recalé au concours d’entrée du studio Ghibli, Mamoru Hosoda, né en septembre 1967, parvient à intégrer en 1993 les rangs de la Toei Animation, où il oeuvre en tant qu’animateur clé et story-board artist sur certaines des franchises phares du studio, comme Dragon Ball Z ou Sailor Moon. Lorsque, en 1999, la firme est chargée de porter à l’écran le concept de jouets « Digimon » (des pseudo Tamagotchi) afin de surfer sur le succès de Pokemon, le projet d’un court-métrage de 20 minutes est lancé. Confié à Hosoda, qui hurle depuis son embauche son envie de devenir réalisateur de long-métrage, Digimon Adventure n’a pas grand-chose à voir avec ce que deviendra la franchise cette même année 1999 avec le lancement de la série animée. Déjà, les plans fixes élégamment composés, l’attention portée à l’individualité des personnages via leur animation et la juxtaposition d’un univers réaliste et d’un postulat fantastique sont bien présents. Pas vraiment porté sur les gimmicks marketing et évoquant plutôt un mini kaiju eiga, Digimon Adventure impressionne. L’année suivante, Hosoda est chargé de mettre en scène le moyen-métrage Digimon Adventure : Our War Game !, qui se révèlera être un brouillon élaboré de Summer Wars (nous y reviendrons). La qualité de ses deux Digimon convaincra le studio Ghibli de confier au petit prodige la réalisation du Château ambulant. Mais, de son propre aveu trop sûr de lui et aussi trop résolu à refuser l’aide (la mainmise ?) de Miyazaki et Takahata, Hosoda est congédié au bout de quelques mois. Il collabore alors avec l’artiste Takashi Murakami pour la pub/clip de Louis Vuitton Superflat Monogram (où il continue de peaufiner le concept visuel d’univers virtuel qui servira pour Summer Wars) avant de réintégrer la Toei. Après avoir réalisé en 2004 un épisode de la saison 4 de la licence One Piece, Hosoda a l’occasion de reprendre du poil de la bête avec le long-métrage One Piece – le film 6 : le baron Omatsuri et l’île aux secrets. Pas rancunier, il y rend un vibrant hommage à Miyazaki et au Château de Cagliostro tout en s’appropriant de façon à la fois respectueuse et innovante le manga d’Eiichiro Oda. Capitalisant sur la loufoquerie omniprésente de cet univers où pirates, monstres géants, sabreurs armés de katanas et bastons homériques cohabitent dans un joyeux bordel, Hosoda emmène Le Baron Omatsuri et l’île aux secrets du côté du Mamoru Oshii de Lamu Beautiful Dreamer, où le réalisateur d’Avalon détournait lui aussi une série commerciale pour se livrer à quelques expérimentations abstraites et poétiques. Ce ne sera pas la dernière fois que les oeuvres de Hosoda reflètent celles d’Oshii, puisque le premier développera au fur et à mesure de ses réalisations un sens du naturalisme contemplatif très proche du second, notamment à travers l’utilisation des décors et la mise en valeur de certains détails de ces derniers.



LA TRAVERSÉE DU TEMPS
(2006) 

Malgré la qualité du film One Piece, Mamoru Hosoda est encore loin de pouvoir assouvir ses rêves d’indépendance artistique au sein de la Toei. C’est pourtant grâce à l’une de ses réalisations « mineures » pour la firme (l’épisode 40 de la série Magical Dorémi qu’il truffe de références à Dali ou Munch), qu’il est approché par Masao Maruyama, le cofondateur du studio Madhouse (il signe d’ailleurs en 2004, sous pseudo, l’opening credits de Samurai Champloo, coproduit par la « maison folle »). But de la manoeuvre : lancer une adaptation animée du célè [...]

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