Madgazine n°343

JEU VIDÉO 
MAFIA: DEFINITIVE EDITION
2K Games
PC, PS4 & ONE
Ce remake (très) tardif de Mafia: The City of Lost Heaven (2002) démontre qu’un monde ouvert n’est pas tenu d’offrir d’innombrables possibilités. On ressort en effet pleinement satisfait de l’exploration de la ville fictive de Mafia: Definitive Edition, dont les diverses infrastructures bénéficient d’un sens aigu du détail qui restitue à merveille l’Amérique de la Prohibition, avec ses voitures Studebaker, ses mitraillettes Thompson et ses bars clandestins. L’histoire est narrée par Tommy Angelo, ancien membre de la mafia désormais témoin protégé qui a décidé de tout balancer à propos de sa « famille ». Son récit débute alors que, simple chauffeur de taxi, il voit deux gangsters monter à bord de son véhicule et lui ordonner de semer leurs poursuivants. Après cette offre qu’il ne peut refuser, il va grimper un à un les échelons de l’organisation. Si l’exploration dans Mafia: Definitive Edition se résume pour l’essentiel à optimiser ses trajets entre différents checkpoints, la profondeur de sa narration cinématographique l’emporte sur un game design un peu vieillot grâce à la volonté du studio de tout miser sur une écriture et un casting vocal aux petits oignons. En dehors de multiples références, on retiendra surtout du jeu son réalisme, qui exige une conduite responsable et tout aussi fun que ses poursuites à pieds. À noter que Mafia: Definitive Edition peut être acheté seul, mais est également inclus dans Mafia Trilogy, qui contient les deuxième et troisième épisodes ainsi que leurs DLC respectifs.

B.P.



B.O.
SLIVER
De Howard Shore & Christopher Young
La-La Land
Sur le papier, ça donnait envie : un thriller érotique produit par Robert Evans (Chinatown), avec Sharon Stone et Tom Berenger, écrit par le scénariste de Basic Instinct d’après un livre de l’auteur de Rosemary’s Baby, le réalisateur de Calme blanc derrière la caméra, le chef-op’ d’Obsession à la photo… Le résultat, on le connaît : du sous-Verhoeven aussi bandant qu’une pub pour gel douche (Sharon se masturbe dans son bain, la belle affaire) et plombé par des morceaux du groupe Enigma (vous savez, les chants grégoriens techno-pop de Satan’s Alley, le faux trailer de Tonnerre sous les tropiques). Noyce voulait d’ailleurs que la musique du film se borne à leurs chansons et au génial Unfinished Sympathy de Massive Attack, mais Paramount ne l’entend pas de cette oreille et lui impose Howard Shore, qui vient de signer les mémorables Le Silence des agneaux et Un baiser avant de mourir, tiré d’un autre bouquin de Levin. On retrouve un style un peu similaire, à la fois sombre, lyrique et voluptueux, dans Sliver (cordes, harpe, bois), à ceci près que Shore ancre fermement le score dans son époque. Rythmique pop chaloupée, trompette et saxo aux accents sensuels, basse roucoulante : on nage dans les clichés de la « musique de film sexy » des années 90. Mais la partition est aussi pleine de mélancolie, de mélodies séductrices et de sursauts de tension à mi-chemin entre Herrmann et Morricone. Jugée un peu trop film noir old [...]

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