SÉRIE
YOU SAISON 2
De Sera Gamble & Greg Berlanti
Netflix
Initialement destinée au réseau Lifetime, la série You a finalement trouvé son public suite à son rachat par Netflix, au point de s’imposer comme l’un des programmes les plus populaires du géant américain. Après une première saison moyennement convaincante (comme souvent, ça démarre sur les chapeaux de roue avant de devenir redondant à mi-parcours), on n’attendait pas forcément grand-chose de cette seconde cuvée dont l’action déménage à Los Angeles pour permettre au « héros » de s’offrir une virginité après avoir décimé une partie de son entourage new-yorkais. Ce changement de décor s’avère bénéfique puisque cette saison 2 se révèle plus aboutie et addictive que la précédente. Non pas que cette adaptation libre du roman Les Corps cachés soit dénuée de défauts (accumulation de coïncidences scénaristiques, petit ventre mou vers l’épisode 5), mais l’idylle entretenue par le psychopathe Joe Goldberg (Penn Badgley, impeccable) et l’éthérée Love Quinn (irrésistible Victoria Pedretti) évite l’écueil du « je t’aime moi non plus » qui désamorçait la plupart des rebondissements de la première saison. Sans doute parce que la personnalité de la nouvelle proie de notre Dexter au coeur tendre s’avère autrement plus complexe que celle de la Beck de la saison 1, dont le caractère geignard et autocentré limitait franchement le potentiel d’une série mélangeant adroitement thriller, horreur et comédie romantique. Ici, le couple formé par Joe et Love confère un indéniable poids à l’ensemble, d’autant que les auteurs lui adjoignent des personnages secondaires à la fois complexes et imparfaits. À ce titre, saluons la prestation du charismatique James Scully, qui crève l’écran sous les traits d’un gosse de riche branché (il s’habille à la cool, veut faire du cinéma indépendant et boit des smoothies bio), mais totalement consumé par ses démons familiaux. Dommage, en revanche, que le show se termine par un épilogue qui contredit en quelques secondes ce que la série avait mis dix épisodes à construire…

J-B.H.



B.O.
STAR WARS: THE RISE OF SKYWALKER
De John Williams.
Walt Disney Records
Avec Le Réveil de la force, John Williams était parvenu à imposer une demi-douzaine de thèmes majeurs, dédiés à Rey, Kylo Ren ou au duo Finn et Poe. Le score regorgeait aussi de motifs galvanisants (la menace du Premier Ordre, l’héroïsme martial de la Résistance) et d’expérimentations rythmiques affolantes (le syncopé The Falcon, une prouesse d’écriture alternant entre des mesures en 3/4 et en 5/8). Portée par la vision opératique de Rian Johnson, la B.O. des Derniers Jedi brandissait certes une poignée de mélodies inédites, mais s’affairait surtout à entremêler ses différents leitmotivs. En résultait un constant dialogue mélodique, transcendé par des choix d’orchestration absolument radicaux (par exemple une reprise héroïque du thème de Vador lors du face-à-face entre Luke et le Premier Ordre). Concluant la saga dans son ensemble, la partition de L’Ascension de Skywalker honore les singularités des deux scores qui ont précédé, tout en incluant des mesures emblématiques des deux premières trilogies. Si l’on regrette l’absence sur le CD du morceau le plus irrésistiblement référentiel (Falcon Flight, pourtant envoyé aux votants des Oscars) ou d’une citation envoûtante du thème de Leia (Healing Wounds), l’album n’en reste pas moins d’une noblesse, d’une émotion et d’une intensité qu’aucun autre compositeur contemporain ne saurait atteindre. Rappelant son génie dans l’art des réorchestrations et des arrangements audacieux (la marche impériale et le thème de l’Empereur n’ont jamais été traités de cette manière, et le leitmotiv rageur de Kylo Ren gagne peu à peu des accents tragiques), Williams en profite pour synthétiser l’étendue de son champ musical, accouchant d’harmonies merveilleuses, d’ostinatos virevoltants ou de refrains entêtants qui auraient eu leur place dans Harry Potter (We Go Toget [...]