Madgazine n°336
SÉRIE
SERVANT SAISON 1
De Tony Basgallop & M. Night Shyamalan
Apple TV+
Le pilote de Wayward Pines était l’oeuvre d’un M. Night Shyamalan au bout du rouleau, essoré au sortir d’une série noire de quatre déconfitures artistiques. Quatre ans et un audacieux come-back plus tard, le voici de nouveau à la manoeuvre sur le lancement d’une série mystérieuse à l’envi. Sa demi-heure inaugurale respire d’une inspiration retrouvée, et crée en quelques plans le climat anxiogène de circonstance. Un couple a priori modèle engage une nourrice pour leur petit Jericho. Problème : le bébé n’est en fait qu’un poupon au look réaliste flippant, un objet transitionnel pour aider la mère à accepter la mort subite du nourrisson. Problème again : la nourrice joue un peu trop le jeu. M. Night Shyamalan immerge le spectateur dans les ténèbres de leur appartement décrépit, filme ses acteurs en très gros plan, tant et si bien que chaque dialogue en apparence anodin vire au crescendo dans l’angoisse. Lors d’une scène de repas bien tendue comme il faut, le seul sourire de Lauren Ambrose (l’immortelle Claire Fisher de Six pieds sous terre), cadré au plus près dans une lumière mordorée, exprime plus de folie que toute la performance de Joaquin Phoenix dans Joker. Malheureusement, les deux épisodes suivants réalisés par le briscard télévisuel Daniel Sackheim perdent en intensité et glissent vers un traitement esthétique plus lambda dès que l’intrigue s’aventure à l’extérieur de ce cocon pourri. Le passage de relais à Nimród Antal pour les épisodes 4 et 5 s’avère judicieux : revigoré lui aussi après la production de son Whisky Bandit en Hongrie, loin de ses déconvenues hollywoodiennes, le réalisateur des couillons Blindés et Predators remet le show sur ses rails atmosphériques. Il est encore trop tôt pour savoir ce que la série a réellement dans le ventre. Son format resserré intrigue, mais pour l’heure, la prophétie de M. Night Shyamalan d’un développement sur au moins six saisons a plutôt de quoi laisser perplexe – à moins que la mise en scène ne reste en de bonnes mains, évidemment.
F.C.
JEU VIDÉO
DISCO ELYSIUM
ZA/UM
PC, PS4 & One
Disponible sur PC depuis peu et annoncé sur consoles pour 2020, le RPG Disco Elysium nous plonge dans la peau d’un détective paumé chargé de mener diverses enquêtes au sein d’un monde ouvert représenté en 3D isométrique. Pour bien faire, il sera nécessaire de questionner les différents habitants, de fouiner à la recherche d’indices dans un univers sordide en proie à la pauvreté et la corruption, et bien sûr d’augmenter vos compétences par le biais d’un arbre de talents. Rien que de très classique, sauf que Disco Elysium a définitivement secoué le paisible landerneau du jeu d’aventure grâce à ses mécaniques de gameplay uniques. En effet, le jeu ne propose aucun combat au sens traditionnel du terme ; en lieu et place, le joueur doit franchir les nombreux obstacles qui se dressent devant lui à l’aide de séquences dialoguées et de tests de compétences. Ainsi, quatre capacités principales sont présentes dans le jeu : l’intelligence, la psyché, la force physique et l’habileté, chaque capacité étant divisée en six traits secondaires distincts pour un total de 24, soit presque autant de façons de résoudre un probl&egrav [...]
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