SÉRIE
RICK ET MORTY SAISON 4
De Justin Roiland & Dan Harmon
Saisons 1 à 3 (Netflix), saison 4 (Adult Swim France)
En 2004, Dan Harmon, qui créera cinq ans plus tard l’excellente sitcom Community, repère lors d’un festival de courts-métrages (qu’il a cofondé) le travail d’un inconnu nommé Justin Roiland. Deux ans après, le duo pond un court animé, The Real Animated Adventures of Doc and Mharti, que Harmon définit comme « une bâtardisation, un vandalisme pornographique » de Retour vers le futur. Ainsi naît Rick et Morty, dont le vrai pilote sera diffusé en 2012 sur la chaîne Adult Swim, suivi de trois saisons au succès critique et public toujours grandissant. Devenue culte de par le monde, la série suit Rick Sanchez, un scientifique fou, et son petit-fils Morty Smith, un gamin pas très futé, lancés dans des aventures absurdes à travers de multiples dimensions. Dans les faits, le show s’éloigne de la trilogie de Robert Zemeckis pour devenir un croisement frappadingue entre l’inventivité de Doctor Who et l’irrévérence crasse et gore de South Park, le tout enrobé d’un nihilisme existentiel qui ne fera que s’accentuer au fur et à mesure des saisons. Car le concept des dimensions parallèles infinies n’est pas utilisé ici que comme un gimmick ludique : si de multiples versions de nous-mêmes existent, nos actes et nos sentiments ont-ils une quelconque importance dans la grande absurdité cosmique de l’existence ? Quasiment lovecraftienne, cette question s’impose dès l’épisode 6 de la saison 1, Rick Potion #9. Les héros y fuient leur dimension, « cronenbergisée » par un virus, pour s’immiscer dans une autre version de leur famille… après avoir enterré le cadavre de leurs propres doubles. La saison 4, visible depuis novembre chez nous sur la toute nouvelle chaîne Adult Swim France, enfonce le clou avec une noirceur impressionnante, les trois épisodes diffusés jusqu’ici parlant de prédestination morbide, de solitude existentielle et de peur maladive de l’abandon… avec moult aliens éclatés dans des gerbes de tripes fluo et ploufs de caca dans la cuvette d’une chiotte de luxe installée sur une planète sauvage… L’avenir de Rick et Morty s’annonce radieusement dépressif.

L.D.




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