Madgazine n°334

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JEU VIDÉO
LUIGI’S MANSION 3 
Next Level Game
Switch
Ce bon vieux Luigi, sorte de grand échalas vert dégingandé toujours affublé de son attirail conçu pour la chasse aux fantômes, n’avait plus fait parler de lui depuis la sortie sur 3DS de Luigi’s Mansion 2, dont Nintendo avait confié la réalisation à un studio sous-traitant. Un choix somme toute peu étonnant dans la mesure où l’épisode originel, qui avait fait les belles heures de la GameCube en 2002, figurait peut-être parmi les nouvelles licences les plus audacieuses de l’éditeur. Une réussite exemplaire qui respirait le savoir-faire artisanal, valeur dont le troisième volet perpétue aujourd’hui l’héritage. En effet, il flotte comme une légère odeur de subversion sur ce Luigi’s Mansion 3, qui confère une caractérisation durable à un univers (un immense hôtel au décorum gothique) doté d’une forte personnalité, que ce soit par le biais d’une narration environnementale ou via les nombreux spectres à capturer à l’aide de l’Ectoblast GL-U. Une douce saveur S.O.S. fantômes s’empare du titre, surtout lorsque Luigi endosse la défroque d’un exorciste absurde devant littéralement aspirer tout ce qui se dissimule au sein de décors effrayants. Un régal de chaque instant pour les yeux et les oreilles, chaque pièce de la bâtisse réservant ses propres procédés de mise en scène afin d’invoquer les forces d’outre-tombe. C’est indéniable, Luigi’s Mansion 3 fait honneur à ses aînés, tout en s’éloignant du folklore classique de Nintendo, qui se concentre habituellement sur des cadres festifs volontiers interchangeables.

B.P.




LIVRE
JAMES CAMERON HISTOIRE DE LA SCIENCE-FICTION
De James Cameron
Mana Books
Sorti l’an dernier aux États-Unis, ce recueil d’entretiens menés par James Cameron est un complément manuscrit de l’excellente série homonyme diffusée sur AMC en avril 2018. Dépourvu de la spontanéité de l’image mais libéré du montage forcément sélectif du feuilleton documentaire, le livre permet de poser plus calmement le raisonnement de chacun des intervenants. Et ces derniers, pour le moins prestigieux, se prêtent à l’exercice de façon très convaincante. Le débat entre Cameron et Guillermo del Toro sur l’appartenance de Pacific Rim ou non au genre SF est passionnant, de même que la conversation avec Arnold sur sa manière d’aborder le personnage du Terminator. Cameron jubile aussi à l’évidence à décrypter Blade Runner en compagnie de Ridley Scott, ou à parler de la figure du voyage dans le temps avec Christopher Nolan sous l’angle du décalage temporel de Dunkerque. Nolan profite au passage d’une discussion autour d’Interstellar pour rendre hommage au mésestimé 2010 – l’année du premier contact de Peter Hyams, qu’il met en parallèle avec Aliens, le retour. De son côté, George Lucas s’épanche sur Le Héros aux mille et un visages de Joseph Campbell, répond au fait que Star Wars peut être considéré comme l’anti-2001, et analyse à son tour le « world-building » d’Avatar, qu’il met en parallèle avec le cinéma d’Akira Kurosawa. Enfin, Steven Spielberg parle de son amour pour la figure extraterrestre, évoque les obsessions méta et référentielles de notre époque et revient sur la révolution Jurassic Park, intimement liée à celle de Terminator 2. Entrecoupé de textes rétrospectifs abordant les grands thèmes du genre, ce pavé anthologique s’impose comme un document précieux. L’iconographie démentielle justifie à elle seule l’achat, puisqu’elle inclut des arts conceptuels, peintures ou story-boards [...]

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