Madgazine n°330

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JEU VIDÉO 
A PLAGUE TALE : INNOCENCE 
Focus Home Interactive
PC, PS4 & ONE
Région Aquitaine, en l’an de grâce 1348, alors que la guerre de Cent Ans fait rage dans les contrées du royaume de France. Amicia de Rune, une adolescente âgée de quatorze ans, est accompagnée de son petit frère Hugo, cinq ans. Bien qu’étant du même sang, ces deux orphelins livrés à eux-mêmes se connaissent très peu, Amicia ayant été élevée par son père, chevalier au service du roi de France, qui lui a appris à chasser, pendant que Hugo – atteint d’une mystérieuse maladie – est resté cloué au lit. Ils vont devoir survivre et ne pourront compter que sur leur affection et leur habilité tandis que l’Inquisition, dirigée par le seigneur Nicholas, tient Hugo responsable de l’apparition de la peste noire. « Dense et ambitieux », deux qualificatifs qui viennent immédiatement à l’esprit lorsqu’on évoque le cadre historique à l’origine d’A Plague Tale : Innocence, production hexagonale au macrocosme foisonnant et dont les péripéties reposent davantage sur les luttes intestines entre institutions cherchant à étendre leur zone d’influence que sur la progression du joueur. Alternant phases d’infiltration et séquences de course-poursuite avec des tunnels narratifs beaucoup plus contemplatifs, le jeu du studio bordelais Asobo passe définitivement à la vitesse supérieure dès lors que des hordes de rats crapoteux font leur apparition ; des créatures qui se déplacent à l’instinct, par vagues, détestent viscéralement la lumière mais adorent la nourriture, surtout la chair humaine…

B.P.




B.D. 
AMAZING GRACE De Aurélien Ducoudray & Bruno Bessadi
Glénat
Dans un futur proche, l’Humanité a été ravagée par une catastrophe nucléaire. Les survivants s’organisent en petites communautés dans un nouveau monde où le troc devient la norme. Parmi ceux-ci, des bébés mutants au corps recouvert de poils et dotés d’un appétit féroce sont vénérés ou chassés, selon les convictions de chacun. C’est le cas de Grace, petite fille que son père tente d’éduquer du mieux qu’il peut afin qu’elle contrôle ses instincts primaires… Premier titre de la collection Grindhouse Stories de Glénat, Amazing Grace… n’est pas vraiment grindhouse. Du moins, si son postulat de départ s’imbrique dans cette catégorie (monde post-apocalyptique, mutants, bande de pillards…), son traitement humaniste et subtilement philosophique s’éloigne des saillies sexe, violence et gore propres au genre. Le résultat montre ce à quoi aurait pu ressembler La Route écrit par Steinbeck, et véhicule l’amour de son scénariste pour un fantastique à la fois classique (les influences alignent aussi bien le Frankenstein de la Universal que Le Petit chaperon rouge) et novateur (le traitement pastoral de l’univers post-apocalyptique est assez inhabituel). L’ambition narrative affichée du scénariste Aurélien Ducoudray donne clairement envie de voir comment la petite Grace va pouvoir affronter un monde qui, malgré la catastrophe, reproduit inlassablement les mêmes schémas comportementaux. Avec à la clé un questionnement pas foncièrement novateur mais toujours troublant : et si le vrai monstre, c’était l’homme ?

L.D. 




INTERVIEW AURÉLIEN DUCOUDRAY SCÉNARISTE 
Scénariste ultra prolifique alternant réalisme et genre – quand il ne mêle pas les deux –, Aurélien Ducoudray revient sur la genèse d’Amazing Grace, fresque intimiste post-apo qui lance la collection Grindhouse Stories de Glénat, dont vous aviez pu découvrir quelques pages dans notre précédent numéro. 

Dans la préface d’Amazing Grace, tu parles de ton amour du cinéma de genre et tu évoques tes souvenirs de l’époque de la VHS. Quels ont étés tes chocs fondateurs ? 

En premier lieu, l’expérience du vidéoclub. Pouvoir aller dans un endroit rempli d’images, ces jaquettes géniales qui racontaient des histoires souvent bien meilleures que le film en lui-même… Ça m’a vraiment marqué. En ce qui concerne mes chocs cinéma, il y en a eu trois. Freaks – la monstrueuse parade de Tod Browning, que j’ai vu dans le cadre du Cinéma de minuit sur France 3, un cauchemar fabuleux… Puis Calmos de Bertrand Blier, que j’ai vu bien trop jeune. (rires) Mais l’un des mes plus grands chocs, qui m’influence toujours aujourd’hui, c’est Alien. Les aventures de mecs qui ramassent les poubelles dans l’espace… Plus que la créature, c’est ça qui m’a marqué : ces gens normaux dans un vaisseau spatial. À l’époque des Star Wars et Star Trek, des oeuvres dans lesquelles on pouvait avoir plus de mal à s’identifier aux personnages, c’était dingue. Ma mère était ouvrière, et des fois, elle m’emmenait à son travail. Les mecs à la pause, ils parlaient comme les personnages d’Alien ! Je me suis dit « Ouah ! Enfin un film qui parle de ces gens-là ! ». J’avais vraiment l’impression de voir mon quotidien dans l’espace. 


Au-delà de l’amour du fantastique qu’ils ont suscité chez toi, ces films t’ont-ils appris quelque chose en matière de narration ? 

Il faut savoir que je ne me suis pas mis tout de suite à la fiction. J’ai commencé par rater mes études. J’ai d’abord été en face de lettres, puis j’ai fait des études d’anglais… parce que je voulais lire les comics en VO car j’étais trop impatient pour attendre la traduction ! Je ne l’ai pas dit à mes parents, bien sûr… En tout cas, j’ai bien perdu mon temps ! Mais ce qui m’intéressait vraiment, c’était la photographie, en particulier la photographie de reportage, que j’ai apprise sur le tas. J’ai été photoreporter pendant cinq ou six ans, puis journaliste. J’écrivais donc des histoires vraies. Et on en revient à Alien, finalement : tu écris sur le quotidien des gens. Puis je me suis mis à mettre de la fiction dans tout ça, car je pense qu’il y a toujours besoin d’un contrepoint, d’un antagonisme. J’aime les histoires où les contraires se rapprochent. Et lorsque l’on arrive à rapprocher deux trucs qui, par définition, sont opposés, on a une histoire. Il suffit de trouver ce petit point de bascule entre les [...]

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