Made in France N°334

Avec Dibbuk, Dayan David Oualid signe un formidable premier courtmétrage sur une séance d’exorcisme, mais n’hésite pas à bazarder curés, crucifix et eau bénite via une chasse au démon au sein de la communauté juive qui renouvelle habilement le (sous-)genre.
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À notre connaissance, Dibbuk est le premier film d’exorcisme prenant pour cadre la religion judaïque. Cette particularité est-elle la base de ton envie de raconter cette histoire ? 

Effectivement, même si le rituel d’exorcisme existe chez les trois religions monothéistes, il est très rare de voir des représentations autres que la pratique catholique, surtout au cinéma. Au sein de la communauté juive, le Dibbuk est un sujet très tabou. Il m’est arrivé, lors de mes recherches pendant l’écriture du scénario, de tomber sur des hommes pieux ou des rabbins qui rejetaient tout échange avec moi, allant même parfois jusqu’à cracher par terre lorsque j’abordais le sujet. Néanmoins, le fait que cette pratique soit considérée comme un secret ne s’est révélé à moi qu’après avoir commencé à travailler l’idée. Le véritable élément déclencheur du projet a été cette question toute simple : comment se fait-il qu’un tel film n’existe pas ? J’ai donc commencé à faire des recherches plus approfondies. J’avais la chance de déjà bien connaître le folklore et les traditions, ayant été élevé dans une famille juive religieuse. Peu à peu, j’ai découvert des éléments et des détails plus fascinants et cinégéniques les uns que les autres. 


Quelles différences existe-t-il par rapport à la religion catholique sur les sujets du Mal et de la démonologie ? 

Dans le judaïsme, le mal peut prendre plusieurs formes. Toutefois, quand l’on parle de Dibbuk, il ne s’agit pas forcément du « Mal » qui possède un être pur, comme on l’entend souvent dans la culture populaire. Dans la mystique juive, il n’y a pas vraiment de « démons », juste des anges au service de Dieu qui exercent sa volonté. Peu importe que l’humain les perçoive comme bons ou mauvais. Certains peuvent donc être vus comme des démons. Cela étant dit, dans un cas de Dibbuk, il s’agit d’abord d’une âme ancienne et perdue dans les limbes, qui viendrait se « coller » – l’étymologie du mot « Dibbuk » vient de « Debbek » en hébreu, qui signifie « qui colle » – à une autre âme afin de terminer une mission inachevée sur Terre. Ces âmes, si elles sont en grande difficulté, peuvent être accompagnées d’un autre être supérieur afin de mener à bien leur quête. Ce qui e [...]

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