Mad in France N°324

En 2014, Hervé Freiburger s’était uni avec ses collègues Cédric Hachard et Sébastien Milhou pour Le Jour de la comète, un film à sketches qui jouait la carte de la mélancolie des années 80. Aujourd’hui, Hervé repart en solo avec le court-métrage Graines, un pur « monster movie » où l’horreur peut surgir de n’importe quel épi de maïs.

En voyant Graines, on sent chez toi un désir de cinéma fantastique classique, presque rétro. Est-ce le cas ? 

Oui, clairement, j’ai grandi dans les années 80 et on sait tous aujourd’hui à quel point cette période a marqué l’imaginaire des gamins de cette génération. J’aime le classicisme revisité de cette période. C’est-à-dire partir de bases, situations et mythes solides pour y injecter des nouvelles couleurs et tenter de nouvelles choses. 


On pense bien sûr à Stephen King, mais cette référence évidente en cache-t-elle d’autres ? 

Stephen King, tout comme Spielberg, je les vois comme des tontons bienveillants, toujours un peu présents pour aider sur des problèmes de narration ou de personnages, pour rappeler comment poser une ambiance ou, plus directement, pour apporter une authentique motivation par leur envie naturelle et immuable de raconter des histoires. À l’image des grands compositeurs de musique classique, on y revient toujours plus ou moins. Leur héritage est tellement digéré que ça fait partie de mon organisme, de mon ADN. Graines, c’est autant Shining – avec le Mal qui rode et rend fou ceux qu’il contamine – que le thème très spielbergien de l’innocence des enfants comme première victime des agissements des adultes. Après, il faut pouvoir s’affranchir de toutes ces oeuvres pour trouver ses propres histoires, et avoir quelque chose à raconter.


Graines contient-il un sous-texte écologique, ou est-ce que ce choix de décor a été motivé par autre chose ? 

Le film est une charge contre les dérives de l’industrie agroalimentaire. À son petit niveau, c’est un cri, comme celui de la petite fille dans le film. Un cri qui n’a plus rien de naturel, qui est altéré par les actions des humains. Je suis très touché par les bouleversements qui s’opèrent entre l’espèce humaine et cette terre qui nous nourrit pourtant depuis toujours. C’est comme une déchirure qui nous éloigne de plus en plus de la nature, alors que chaque cellule de notre corps nous lie à elle. 


Penses-tu que le cinéma fantastique français se prête mieux à un environnement rural qu’à un décor urbain ? 

Le fantastique est incompatible avec le cynisme. Il faut une part d’inconnu, de magie, d’innocence pour qu’il fonctionne. Il faut avoir envie d’y croire. En France, le cynisme est un peu un sport national, surtout dans les grandes villes. Du coup, situer l’histoire en dehors de Paris aide à créer une ambiance qui permet au fant [...]

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