Mad in France N°317

Après la tentative de passage en force d’un cinéma fantastique français labellisé « extrême » (Martyrs, À l’intérieur, Frontière(s)…), la nouvelle génération de réalisateurs de genre choisit une approche « virale » en contaminant petit à petit notre 7e Art d’une licence fantasmagorique. C’était le cas de Julia Ducournau pour Grave, et c’est également le cas de Joris Laquittant avec son court-métrage La Baie. Comme par hasard, tous deux viennent de la Fémis, école dont le simple nom fait grincer des dents les fantasticophiles. Ce n’est plus une révolte, mais une révolution !
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Que représente pour toi le lieu où se déroule La Baie, et pourquoi avoir choisi de créer une histoire autour ? 

J’ai grandi et j’ai passé la majorité de mes vacances en Picardie maritime, notamment en Baie de Somme, où j’ai tourné le film. C’est un endroit qui déborde de magie parce qu’il semble hors du temps. La lumière comme la météo y sont constamment changeantes et cela crée souvent des miracles. Les gens qui travaillent dans la Baie en parlent comme d’une entité : « La Baie est capricieuse », « La Baie est dangereuse »… Ils la personnifient totalement. C’est le point de départ du film. Je me suis dit qu’il fallait raconter une histoire à partir de cette étrange relation. 


Le film pose également la question de savoir si l’humain doit se sacrifier à tout prix pour la nature…

Le but du personnage de Michel, c’est de sauver la Baie. Et en sauvant la Baie, de se sauver lui-même, car sa vie est entièrement dédiée et raccrochée à elle. Cette idée est aussi née d’un état de fait : la Baie, la vraie, s’ensable à une vitesse fulgurante, elle est grignotée progressivement par la terre d’un côté et par la mer de l’autre. Son paysage se métamorphose et tout son écosystème s’écroule petit à petit. Les métiers que je montre dans le film, comme les pêcheurs à pied, les ramasseurs de salicornes, les verrotières qui fouillent la terre humide à la recherche de vers, vont disparaître avec le lieu. Et c’est malheureusement pour bientôt. C’est ce constat terrible qui a nourri le film lors de son écriture. 


Dans quel cadre as-tu élaboré ce film ? 

J’ai intégré la Fémis en 2013 dans le département montage. L’une des spécificités de l’école, c’est qu’en fin d’études, tous les étudiants, qu’importe leur département, doivent réaliser un film, excepté ceux de [...]

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