Adam moins Ève, le nouveau court-métrage d’Aurélia Mengin, reste fidèle à la ligne directrice de la réalisatrice. Il s’agit à nouveau d’un parcours intérieur, sorte de plongée dans un enfer coloré où l’innocence côtoie la pourriture. Une cohérence étonnante avec ses Karma Koma et Autopsy des délices, qui confirme les vraies qualités d’auteur de la jeune femme : « Je suis fascinée par le surréalisme et la dualité, je filme dans un univers fantastique l’union des contraires et le détournement des symboles, flirtant en permanence entre romantisme, spiritualité et horreur. ». Un mélange détonnant qui pousse le genre dans ses retranchements, à la frontière entre l’épouvante, l’onirisme, l’érotisme et l’auto-psychanalyse : « J’essaie de faire des films poétiques noirs dans lesquels on croise des personnages étranges que j’aimerais croiser plus souvent et qui ne se parlent pas, car pour moi, les mots sonnent faux. ». La grande force d’Aurélia Mengin (et la raison pour laquelle elle est une réalisatrice d’avenir), c’est que ses intentions intellectuelles se doublent d’un redoutable sens formel et d’une grande rigueur visuelle. Et Adam moins Ève confirme ce talent de sculptrice de l’image : Aurélia sait filmer ce qu’elle psychote. « J’ai grandi dans le Lieu d’Art Contemporain construit par mes parents à l’Île de la Réunion, il y a 30 ans. Une enfance entourée d’artistes, qui a développé très tôt chez moi un sens de l’esthétisme et du détournement des symboles. » Aurélia est d’ailleurs particulièrement fidèle à son île natale puisqu’outre le fait d’y organiser le festival Même pas peur, elle y a entièrement tourné sa dernière oeuvre : « Malgré des décors incroyables, je me suis rendu compte que c’était plus dif [...]