Légendes : Everett De Roche / 1ère partie

Généralement, les Australiens font carrière à Hollywood. Everett De Roche, lui, prend le chemin inverse : américain, il s’installe en Australie où la volonté de vivre de sa plume le guide vers le cinéma fantastique…

Le 2 avril 2014 disparaissait Everett De Roche, à Melbourne, Australie. Rideau sur une vie de 67 printemps, dont trois furent le théâtre d’une bataille contre le cancer. Si son nom n’évoque rien au public, ni même à la majorité des cinéphiles, quelques-uns des films nés sous sa plume sont passés à la postérité bien avant sa mort : Patrick, Razorback, Long Weekend, Harlequin… Tous australiens, hormis le britannique Link.
Everett De Roche naît le 12 juillet 1946 à Lincoln dans le Maine. « Une toute petite ville entourée de forêts et de lacs, pas très loin de l’endroit où vit Stephen King » précise-t-il. « Le Maine possède un caractère effrayant, propice à vous attirer vers la face obscure des choses. Pour échapper au froid, mes parents ont déménagé en Californie. J’avais six ans. À 22 ans, en compagnie de ma femme, j’ai émigré en Australie. » Pourquoi l’Australie ? « Pratiquant le surf, le pays exerçait sur moi un réel magnétisme. Aux États-Unis, quand j’étais étudiant, la Guerre du Vietnam battait son plein. Pas question d’y aller, d’en revenir soit les pieds devant, soit dans un fauteuil roulant, soit traumatisé. Marié depuis peu, bientôt papa pour la première fois, je me suis dit : « C’est maintenant ou jamais ! » Et Everett De Roche d’embarquer sur un paquebot en direction des antipodes, avant que son épouse et son bébé ne le rejoignent, en 1968. Sa situation s’avère pour le moins précaire. « Je ne savais faire qu’une chose : écrire. Fort de mes études de journalisme aux États-Unis, j’ai décroché un emploi de rédacteur dans une gazette des faubourgs de Brisbane. Deux mois plus tard, j’étais au chômage. Un mal pour un bien, car une carrière dans la presse ne me tentait guère. Je voulais certes écrire, mais pas des articles, plutôt des histoires. Quelque chose qui me taraudait depuis la découverte, grâce à un instituteur, d’auteurs tels Mark Twain, Robert Louis Stevenson et Edgar Poe. J’ai ensuite trouvé du travail dans la revue du Queensland Health Education Council pour laquelle je rédigeais des pamphlets contre l’herpès, ainsi que dans les colonnes du Brisbane Telegraph, où je tenais une rubrique médicale quotidienne, répondant aux questions des lecteurs. Des boulots de merde, mais je vivais de ma plume. » Du provisoire, heureusement, car assez vite, l’exilé croise le chemin d’un employé de Crawford Productions, société pourvoyeuse de fictions TV. « Il m’a annoncé qu’un simple script y était payé 250 $, trois fois mon salaire hebdomadaire du Queensland Health Education Council. J’ai fait acte de candidature sur la série policière Division 4. Neuf mois plus tard, j’ai reçu un télégramme m’annonçant que j’étais pris à l’essai, à Melbourne. Le script d’un épisode n’était pas payé 250, mais 2.500 $. Une fortune ! » 
En dépit de son absence totale d’expérience scénaristique, la nouvelle recrue fait ses preuves. Quatre ans durant, Everett de Roche travaille ainsi sur les séries Division 4, Homicide et Matlock Police, des programmes extrêmement populaires. « J’y ai tout appris. Il s’agissait de séries assez violentes pour l’époque. Crawford nous accordait une grande liberté, la possibilité d’expérimenter. Ce qui ne fonctionnait pas un jour, on l’oubliait pour essayer autre chose le lendemain. Nous disposions de six à dix semaines pour écrire un épisode d’une heure, contre deux ou trois dans les années 90. »
Parallèlement à la télévision, le scénariste commence à lorgner en direction du cinéma local, en pleine effervescence au terme de trois décennies de quasi-inactivité. « Pourtant, je n’avais guère de culture cinématographique. Un seul film m’avait marqué : Le Dernier rivage, une tragédie sur fond de guerre nucléaire tournée en Australie. La plage où elle se déroulait en partie me faisait rêver. Et dire que plus tard, j’allais y promener mon chien ! »


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