"Le Seigneur des anneaux : les Anneaux de pouvoir" : la loi du Milieu

Le Seigneur des anneaux : les Anneaux de pouvoir

À l’heure où vous lirez ces lignes, les premiers épisodes de la série événement de J.D. Payne et Patrick McKay auront déjà été déployés sur Prime Video, la plateforme de streaming d’Amazon. Avec son budget de 465 millions de dollars, incluant 250 millions liés au paiement des copyrights, la première saison du Seigneur des anneaux : les Anneaux de pouvoir pourrait avoir des répercussions durables sur l’industrie ; un premier état des lieux s’impose, en attendant de pouvoir évaluer l’œuvre dans son ensemble…

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Quoi de mieux, avant de se plonger dans le vif du sujet, que de rappeler la sagesse infinie de Son Altesse sérénissime Stephen King ? Dans un numéro du New York Times datant du 14 juillet 1991, le pape du fantastique littéraire et cinématographique lançait un pavé dans la mare : « La définition que les chaînes ont d’une série télévisée, c’est un show dramatique avec un début, un milieu, et un milieu. Je déteste ça. Je ne comprends pas cette forme de narration. » Trente et un ans plus tard, les paroles de King résonnent plus lourdement que jamais.

Ayant fui à de rares exceptions près le modèle de la minisérie, qui propose de par son format réduit une narration contenue et cohérente, les diffuseurs (y compris câblés) ont généré une quantité astronomique de shows sans lendemain, fauchés par le manque d’audience avant d’avoir eu le temps de résoudre leurs principaux enjeux. Certes, les règles ont légèrement évolué avec l’arrivée des géants du streaming : les saisons sont passées de 24 à 8 épisodes en moyenne, et la durée autrefois imposée de quarante-deux minutes n’a plus cours, pour peu que l’on écrive pour HBO Max, Netflix, Disney+ ou Amazon.



Un périple en haute mer qui permet à J.A. Bayona d'explorer une facette inédite à l'écran de la mythologie tolkenienne. ©Ben Rothstein - Prime Video


Dès lors, il n’est théoriquement plus nécessaire de glisser un cliffhanger toutes les dix minutes trente, de peur que les spectateurs ne zappent sur une autre chaîne pendant l’une des quatre pauses publicitaires de quatre minutes trente qui régissent la télévision américaine. Tout comme Game of Thrones, Le Seigneur des anneaux : les Anneaux de pouvoir bénéficie donc a priori d’une structure à la fois plus réfléchie, plus resserrée et plus libre (la durée des épisodes est légèrement malléable) qu’une série obéissant aux lois de la « broadcast syndication ». Mais dans les faits, les vieilles habitudes ont la vie dure…


LA TERRE DU MILIEU, ET DU MILIEU...

Sur un plan strictement narratif, ce qui ressort du pilote en deux parties du Seigneur des anneaux : les Anneaux de pouvoir est un sentiment de dilatation artificielle et d’immobilisme épuisant. De fait, la moindre séquence d’exposition s’éternise sur une durée deux à quatre fois supérieure à ce que devrait exiger sa forme minimale.

En ouverture de l’épisode 2, la découverte par une simili-Hobbit d’un être venu du ciel s’étale sur six minutes trente, alors que la résurrection cosmique de Gandalf dans Le Seigneur des anneaux : l< [...]

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