Certains, comme votre serviteur, revendiquent Mike Flanagan comme le plus grand cinéaste d’épouvante actuel. D’autres le considèrent comme un artisan consciencieux et timoré. Ils ont évidemment tort, car même s’il a l’avantage de travailler une horreur grand public, l’auteur de Ne t’endors pas et The Mirror livre des mises en scène tellement précises qu’elles parviennent à déployer toutes les harmoniques de sujets en apparence passe-partout. Mais de toute façon, là n’est plus la question, puisque Flanagan enclenche aujourd’hui la vitesse supérieure. Déjà, son Doctor Sleep est sans nul doute son plus gros budget. Et surtout, après avoir réussi le tour de force d’adapter brillamment le roman le plus minimaliste de Stephen King (Jessie, presque entièrement constitué de dialogues entre une femme enchaînée et des interlocuteurs plus ou moins imaginaires), il s’attaque maintenant à un ouvrage autrement plus ample du célèbre écrivain du Maine.
Docteur Sleep (l’éditeur français a traduit le premier mot du titre) est en effet un sacré morceau. En 2013, King surprend tout le monde en donnant, 36 ans après, une manière de suite à son fameux Shining, l’enfant lumière porté au grand écran par Kubrick. Danny Torrance, le gamin doué d’un pouvoir paranormal appelé « le Shine », est maintenant un quadragénaire ayant complètement sombré dans l’alcoolisme, pour oublier la folie de son père et les visions surnaturelles qui continuent de le tourmenter. Et encore, il ne se doute pas que dans ses jeunes années, il a échappé par miracle aux griffes du Noeud Vrai, un groupe de mutants nomades qui parviennent à vivre pendant des siècles en se nourrissant de l’énergie psychique des bambins clairvoyants. Or, les créatures détectent l’existence d’une fillette, Abra, dotée d’une puissance pratiquement illimitée. Se sentant observée et menacée, la petite contacte mentalement Dan Torrance, qui est devenu sobre et travaille dans un hospice où, grâce au Shine, il aide les pensionnaires mourants à passer paisiblement dans l’au-delà. L’ancien ivrogne se retrouve donc à servir de guide à Abra, tout comme il avait jadis trouvé un protecteur en la personne du vi [...]