
La Nuée de Just Philipot
Quelque part dans un coin de campagne français, Virginie (Suliane Brahim), jeune veuve, s’échine à optimiser son élevage de sauterelles destinées à fournir de la farine protéinée aux exploitants du coin. Une existence difficile, qui lui permet à peine de joindre les deux bouts et d’élever décemment ses enfants, Laura (Marie Narbonne) et son petit frère Gaston (Raphaël Romand). Jusqu’au jour où elle constate, suite à un accident, que le rendement de son élevage est démultiplié lorsque ses insectes consomment du sang. Le début d’une spirale cauchemardesque…
Il se dégage incontestablement de ce pitch une sorte de limpidité conceptuelle, tous les éléments semblant s’emboîter naturellement pour fournir la matière d’un récit à la portée universelle et à la fibre horrifique puissante. Le rapport que nourrit un agriculteur/éleveur à la matière qu’il travaille est dans les faits plus complexe que la simple exploitation d’une ressource : après tout, il y a dans cette relation une logique d’échange, de soins, de sacrifice, qui touche à une dimension philosophique de la conception du vivant, du lien qui unit l’être humain à cette Terre qu’il a conquise pour en faire son moyen de subsistance, qu’il dévore pour vivre mais dont il doit garantir la pérennité pour pouvoir continuer à la… dévorer. Et lorsque les notions de rendement et d’efficacité économique entrent en jeu, la machine se dérègle, forcément. Si le script du duo Jérôme Genevray/Franck Victor ambitionne de traiter plus globalement le sujet de la place que prend le travail dans nos vies, il est indéniable que le contexte et le thème choisis par les scénaristes disent des choses fortes et vraies sur l’ambivalence du rapport qu’entretient l’homme à la nature dans notre ère taylorisée à l’extrême. Il y a un cercle invertueux, quasiment infernal, dans l’offrande qu’en vient à faire Virginie à ses insectes afin de décupler le rendement de son exploitation, un sacrifice autant qu’un méchant retour du bâton, le juste courroux d’êtres destinés à être mangés, mais dont l’appétit devient insatiabl [...]
Il vous reste 70 % de l'article à lire
Ce contenu éditorial est réservé aux abonnés MADMOVIES. Si vous n'êtes pas connecté, merci de cliquer sur le bouton ci-dessous et accéder à votre espace dédié.
Découvrir nos offres d'abonnement