KRAMPUS de Michael Dougherty

Krampus

Pur film de Noël sorti il y a près de six mois dans le reste du monde, KRAMPUS atterrit chez nous au début du printemps. Si la démarche manque de logique, nous sommes néanmoins soulagés de voir cette petite péloche horrifique échapper aux limbes du DTV

Les fêtes sont parfois une épreuve de force. Au grand désespoir de son mari (Adam Parks & Recreation Scott) et de leurs deux enfants, Sarah Engel (Toni Muriel Collette) s’apprête à recevoir sa tante, sa soeur, son beauf et leur progéniture pour le week-end. Prototypes de bouseux adeptes de la NRA, cette charmante belle-famille va s’empresser de brimer le jeune Max (Emjay Anthony, vu dans Chef de Jon Favreau), qui par frustration va souhaiter l’inavouable. Sa prière est exaucée dès le lendemain : soudain isolé par une mystérieuse tempête de neige, le quartier pavillonnaire devient le terrain de jeu de Krampus, double maléfique du père Noël.
Étrange CV que celui de Michael Dougherty, qui cosignait en 2003 le script de X-Men 2, puis trois ans plus tard celui de Superman Returns. Si le Clark Kent de Bryan Singer n’avait pas provoqué l’ire des fanboys en tous genres, Dougherty en serait probablement encore à gratter du scénario super-héroïque pour le compte de DC ou Marvel. Fidèle à Singer, l’auteur apporte certes sa petite contribution au prochain X-Men : Apocalypse, dont il défriche l’intrigue en compagnie de Simon Kinberg. Krampus n’en confirme pas moins une réorientation de carrière assez drastique, entamée il y a presque dix ans avec Trick ‘r Treat. De cet excellent film à sketches exploitant le décorum de Halloween, Krampus retient à l’évidence un goût pour les vignettes fortes. Bien qu’il s’efforce de structurer son récit de manière plus conventionnelle, Dougherty soigne ainsi une poignée de moments iconiques, notamment un flash-back animé à l’esthétique surprenante. En conséquence, l’atmosphère et le ton de Krampus varient perpétuellement d’un morceau de bravoure à l’autre. D’une ironie caustique lors du générique d’ouverture, où la surconsommation zombiesque des fêtes de Noël se voit cristallisée par des ralentis extrêmes, le film en vient à citer sans prévenir Fantômes contre fantômes lorsqu’une simili-Grande Faucheuse bondit de toit en toit, aux trousses d’une adolescente sans défense. 
Incessants, les grands écarts de Krampus se reflètent dans un creature design bipolaire, voguant du bonhomme de pain d’épices psychotique à l’automate glouton digne du ver géant de Freddy 3 – les griffes du cauchemar. Jouant sur les contrastes, les bestioles présentent toutes un design volontairement paradoxal, la rigidité de leur carapace cachant des entrailles on ne peut plus organiques et poisseuses. En partie grâce à cette approche conceptuelle intelligente, Krampus parvient à respecter sa classification PG-13. Pour autant, Dougherty aborde le genre horrifique avec une sincérité constante. Mieux encore : suffisamment offensifs pour compenser son obligatoire pudeur, le film est à deux doigts de saisir l’alchimie du premier Gremlins dans ses meilleures séquences. L’influence de Joe Dante est flagrante tout du long, guidant déjà Dougherty sur les traces d’Un conte de Noël de Charles Dickens. Mais c’est surtout la charge sociopolitique de Dante que le jeune cinéaste convoque. En axant son récit sur une réunion de famille tourmentée, l’auteur pose un regard acerbe sur l’Amérique bipartite actuelle, noyée dans les discours caricaturaux des deux camps. Bien qu’il divise immédiatement sa galerie de personnages entre les démocrates et les républicains, Dougherty opte finalement pour un traitement égalitaire, ridiculisant les deux groupes avec une jubilation communicative. Bien sûr, le brûlot n’a pas la puissance d’un Gremlins 2, d’un Small Soldiers ou même d’un Mars Attacks !, mais il a au moins le mérite de ne pas se cacher ici entre les lignes d’une production policée. Sans doute protégé de l& [...]

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