JOKER de Todd Philips

Joker

Un comic-book movie auréolé du Lion d’Or du Festival de Venise : forcément, Joker se présente comme une énigme qu’il convenait de décrypter sans céder à l’hystérie ambiante, afin de mieux appréhender les éléments qui font du film de Todd Phillips une oeuvre à part dans le cinéma marvellisé des années 2010.

Avouons-le : le flot massif de louanges et le consensus un peu suspect qui ont porté Joker avant même sa sortie laissaient ouvertes les pires hypothèses : celle d’un Oscar-movie reposant sur un pari plus ou moins gagné d’avance (Joaquin Phoenix sur les traces de Heath Ledger dans une performance forcément « hallucinée ») comme celle d’un bouzin un peu pataud (le réalisateur des Very Bad Trip à la réalisation, vraiment ?) ou tout au moins parfaitement inoffensif. Il suffit pourtant de quelques séquences pour plonger corps et âme dans le piège étincelant tendu par Todd Phillips et se rendre à l’évidence : Joker n’est pas seulement un film splendide, étrangement humble et retors, qui réussit tout ce qu’il entreprend en un ahurissant mélange des genres (comédie, fable politique, vigilante, étude psychologique vénéneuse, horreur fleurant bon les seventies) : c’est une torpille et un véritable attentat contre tout ce que Hollywood a pu produire en matière de films de super-héros depuis ce moment de splendeur et de sauvagerie – à ce jour inégalé – que fut The Dark Knight en 2008. 



FUREUR ET DÉSENCHANTEMENT
Comme une traînée de poudre, le film de Todd Phillips efface dix ans de super-héroïsme hollywoodien javellisé et repart de ce moment inouï qui vit, avec le chef-d’oeuvre ledgerisé de Nolan, toute la puissance de vertige, de saccage et de folie du plus fascinant super-vilain jamais inventé se cristalliser dans ce qu’il conviendrait d’appeler – bien plus qu’une simple performance d’acteur – un authentique cas de possession. Déshabillé de tous les apparats du comic-book movie par son statut de préquelle, Joker rejoue via la composition affolante de Joaquin Phoenix le génial braquage opéré par Ledger sur la mythologie du Chevalier noir à la mesure d’un film tout entier. Soit l’histoire presque banale d’Arthur Fleck, apprenti comédien vaguement déséquilibré (une étrange maladie le pousse à ricaner comme un dément dans les situations l [...]

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