J.A. Bayona : « On ne peut pas séparer "Les Anneaux de pouvoir" de mes précédents films »

Le Seigneur des anneaux : les Anneaux de pouvoir

Après un Jurassic World: Fallen Kingdom pour le moins controversé (mais dont nous avions défendu l’ambition formelle) et en attendant La Sociedad de la nieve, relecture d’un drame déjà traité dans Les Survivantsde Frank Marshall, J.A. Bayona passe par la case de l’heroic fantasy en réalisant le pilote du Seigneur des anneaux : les Anneaux de pouvoir. Nous avons pu l’interroger sur les enjeux créatifs d’une telle production, et la manière dont elle s’inscrit dans la continuité d’une œuvre assez personnelle…

Comment vous êtes-vous retrouvé sur Le Seigneur des anneaux : les Anneaux de pouvoir ?

J’ai reçu un appel de Patrick McKay et John D. Payne, les deux showrunners de la série. Je crois qu’ils avaient vu quelque chose dans mes précédents films qui leur semblait approprié. J’étais très curieux car j’aimais beaucoup l’idée d’un show massif basé sur Le Seigneur des anneaux. L’ampleur narrative d’une série allait nous permettre d’approfondir chaque personnage et chaque situation avec un niveau de détail proche de celui de Tolkien. Mais en même temps, j’étais aussi un peu méfiant. Allait-on refaire la même chose que ce que d’autres avaient réalisé précédemment ? J’ai rencontré Patrick et John et ils m’ont expliqué tout leur plan, non seulement pour la première saison, mais pour les quatre suivantes. Leur vision m’a semblé très intelligente. Ils ont décidé de se concentrer sur le Deuxième Âge, qui est une période qu’on n’a jamais vue auparavant à l’écran. On n’en parle d’ailleurs pas beaucoup dans les trois livres de Tolkien, hormis dans les Appendices du Retour du Roi. Ils ont pris les événements principaux établis par Tolkien dans ces Appendices, qui sont une sorte de chronique historique, puis ils ont comblé les vides avec leurs propres intrigues et leurs propres personnages. Ce parti pris m’a tout de suite excité. Ensuite, j’ai lu les scripts et j’ai pu voir à quel point ils étaient passionnés par le projet et l’œuvre originale.


Quelle est votre relation au monde de Tolkien ? Dans Quelques minutes après minuit, vous mettez en scène une créature qui ressemble beaucoup à un Ent…

Oui, c’est vrai ! J’adore la narration de fantasy car elle vous permet ironiquement de parler du monde de façon bien plus réaliste que si vous tourniez un film basé sur la réalité. Un personnage de fantasy véhicule plus de vérité qu’un personnage classique, à mon avis. J’ai découvert Le Seigneur des Anneaux quand j’étais enfant, à travers le film d’animation de Ralph Bakshi. Je me souviens avoir été impressionné et très intrigué à l’époque par la technique de la rotoscopie. Ce style était très surprenant et il a attiré mon attention. J’ai lu les romans durant l’adolescence et je suis tout de suite devenu fan de Tolkien.


Vous êtes crédité en tant que réalisateur sur les deux premiers épisodes, qui forment une sorte de long-métrage. Votre rôle était-il de dicter le style visuel de l’ensemble de la série ?

Quand on réalise un pilote, on établit en effet le ton et le style du show. Les metteurs en scène qui vous succèdent doivent respecter votre style dans une certaine mesure. Le réalisateur du pilote est également impliqué dans les choix de casting, la conceptualisation de l’univers… Mais pour moi, le plus important est d’établir le langage. Ce qui nous ramène d’ailleurs à Tolkien : pour lui, le langage est primordial. L’elfique vient avant les Elfes, il est presque plus important que les personnages. Pour ma part, je ne devais pas établir le langage des mots, mais le langage de la caméra. C’est à mon avis la principale différence entre la télévision et le cinéma. Au cinéma, on utilise traditionnellement la caméra pour approfondir l’histoire. Bien sûr, ce principe est de plus en plus présent à la télévision, mais ce n’est pas la norme. Venant du grand écran, c’est ce que j’ai essayé d’apporter aux Anneaux de pouvoir.


Avez-vous étudié ce que Peter Jackson a fait avec ses deux trilogies, en termes de langage cinématographique, avant de vous lancer dans l’aventure ?

Ce que j’admire le plus dans les films de Peter Jackson, c’est la manière dont il a réussi à capturer l’esprit de Tolkien. J’ai donc choisi de revenir au matériau original et d’éviter autant que possible de me baser sur le travail de Jackson. Mon langage est, je pense, très différent du sien, même si on adore tous les deux la fantasy.


Vous êtes objectivement un enfant de Spielberg, et on associe plus facilement Jackson à Sam Raimi.

Mais j’adore aussi Sam Raimi. (rires) J’aime tellement ses Evil Dead


Votre approche chorégraphique est toutefois plus proche de celle de Spielberg. Vous isole [...]

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