INVISIBLE MAN DE LEIGH WHANNELL

Invisible Man

Deux ans après le rendez-vous manqué de La Momie, Invisible Man de Leigh Whannell ressuscite une énième fois le catalogue des Universal Monsters. Coproduit par Jason Blum, le long-métrage n’a pas les enjeux d’un blockbuster mené par Tom Cruise. Il s’agit plutôt d’une proposition horrifique au concept old school, qui en cas de réussite pourrait bien donner le « la » du futur « Dark Universe »…

Tout semblait au beau fixe, au milieu des années 2010, dans les hauts quartiers d’Universal Studios. À la recherche d’un tentpole capable de rivaliser avec le Marvel Cinematic Universe, la major s’était soudainement rappelé qu’elle possédait depuis près d’un siècle son propre catalogue de super-héros : Frankenstein, Dracula, la Momie, l’Homme invisible, le Loup-Garou, docteur Jekyll et Mister Hyde, ou encore l’Étrange créature du lac noir. En opérant un petit « rebranding » dicté par une analyse marketing poussée, la franchise des Universal Monsters pourrait aisément parler au public des Avengers, sans pour autant se mettre à dos des spectateurs plus âgés. Un logo « Dark Universe » fut vite créé et un scénariste à succès embauché dans la foulée : Alex Kurtzman, un proche de J.J. Abrams coresponsable du reboot de Star Trek chez Paramount, mais aussi de l’excellente série Fringe et de la calamiteuse saga cinématographique des Transformers. Tandis que Kurtzman, plus adepte que jamais de la roulette russe créative, posait les bases des longs-métrages à venir en essayant de respecter au maximum les mémos envoyés par ses producteurs, des stars rejoignaient le navire à la douzaine. Russell Crowe serait Jekyll, Javier Bardem incarnerait Frankenstein et Angelina Jolie sa fiancée, et Johnny Depp enfilerait les bandages de l’Homme invisible devant la caméra d’ Ed Solomon, scénariste de Men in Black.
On connaît la suite : le « pilote » La Momie, avec un Tom Cruise égaré dans le rôle principal, tue littéralement le Dark Universe dans l’oeuf en rapportant moins de 80 millions de dollars aux États-Unis, pour un budget de 125 hors coûts marketing. Si les recettes internationales (409 millions, soit moins que La Momie de Stephen Sommers 20 ans plus tôt) nuancent les souffrances d’Universal, l’accueil du public est glacial. Les critiques sont encore plus féroces, en dépit de la présence au scénario de David Koepp (L’Impasse, Jurassic Park, Spider-Man, Hypnose) et Christopher McQuarrie (Usual Suspects, Mission : impossible 5 à 8). Pendant que la franchise s’effondre, un certain Jason Blum fournit à Universal quelques pelletées de films de genre ultra rentables, dont quatre American Nightmare, deux Ouija, ou encore Split de M. Night Shyamalan et Get Out de Jordan Peele. Apparaissant comme l’homme providentiel, Blum se voit confier en 2018 la production d’une relecture à budget réduit de L’Homme invisible, censée relancer en douce la machine du Dark Universe. Le producteur contacte illico son ami Leigh Whannell, coauteur de Saw et Insidious, qui vient de boucler chez Blumhouse l’excellente série B cyberpunk Upgrade. Annoncé comme un film d’horreur stylisé et une expérimentation risquée autour du langage cinématographique (le cinéaste nous promet de « filmer du vide » une heure trente durant tout en gardant notre intérêt intact), Invisible Man pourrait bien créer la surprise en traduisant de façon brutale les psychoses de l’ère #metoo, via un bad guy insidieux fonctionnant comme une allégorie de l’emprise et du harcèlement. Si le thème peut paraître opportuniste, les premières images à la Candyman annoncent un thriller fantastique on ne peut plus efficace. Confirmation espérée le 26 février prochain, le film étant encore invisible à l’heure du bouclage… 




INTERVIEW LEIGH WHANNELL RÉALISATEUR, SCÉNARISTE & PRODUCTEUR

Moins de deux ans après Upgrade (lire interview in Mad Movies 321), Leigh Whannell revient dans nos pages pour nous parler de Invisible Lan. Cet entretien a été enregistré peu avant Noël 2019 et le cinéaste est depuis retourné en salle de montage pour pouvoir boucler à temps son ouvrage. La postproduction devrait prendre fin à peine deux semaines avant la sortie mondiale...


Apparemment, vous avez commencé à travailler sur Invisible Man très tôt après Upgrade.

Oui, vous avez raison. Ce projet s’est écrasé sur ma pelouse comme un météore. Ce n’était pas quelque chose que je prévoyais de faire. Je venais de boucler le montage d’Upgrade, on approchait de la fin de la postproduction, et Universal Pictures m’a appelé. Ils m’ont invité à venir les voir, et je croyais qu’ils allaient me dire à quel point ils aimaient mes films. (rires) En réalité, ils ont passé quinze secondes à parler d’Upgrade, puis ils ont changé de sujet. Ils m’ont parlé de leur Dark Universe, de ce qu’ils voulaient faire avec leurs personnages classiques… J’ai été surpris qu’ils me parlent de ça. Ils m’ont rapidement suggéré de me pencher sur L’Homme invisible. Je n’avais pas encore fini Upgrade que je me retrouvais déjà à écrire un synopsis pour ce film ! Vous avez raison, ça s’est passé très vite mais ce n’était pas forcément ma volonté. C’est arrivé comme ça.


Vous avez donc une sacrée responsabilité avec ce film, puisque vous vous inscrivez dans l’héritage des Universal Monsters. On sait à quel point La Momie avec Tom Cruise a pu décevoir, donc il s’agit d’un second nouveau départ pour la franchise.

Si je faisais un film sur Frankenstein ou Dracula, je sentirais une vraie pression. Avec Dracula, on se retrouve confronté à une fanbase gigantesque, et une longue série d’adaptations et de performances iconiques. De grands réalisateurs sont attachés à ces personnages. L’Homme invisible fait un peu partie de l’&e [...]

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