
Interview : Takashi Miike réalisateur
La fois précédente où vous aviez été sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs, c’était pour Yakuza Apocalypse. Comme vous n’aviez pas pu assister à la projection, vous aviez envoyé une présentation vidéo où, travesti en geisha, vous déclariez vouloir abandonner les films sanglants pour vous consacrer aux histoires d’amour. First Love, le dernier yakuza est le fruit de cette déclaration d’intentions ?
(rires) Comme je n’avais pas conçu Yakuza Apocalypse pour le marché des festivals étrangers – à vrai dire, j’avais fait ce que je voulais sans me soucier de rien –, j’ai été à la fois surpris et très content d’être sélectionné à la Quinzaine. J’ai donc pensé qu’un simple message d’excuses n’était pas suffisant pour dire que je ne pouvais pas me déplacer à Cannes. Du coup, j’ai enregistré le discours dont vous parlez, qui était une sorte de promesse sans en être une. Je pensais en effet, comme la plupart des gens, que les films d’amour étaient ce qu’il y avait de plus éloigné de mon oeuvre. Mais d’un autre côté, j’avais envie de m’essayer à ce genre. Cependant, First Love n’est pas une histoire d’amour au sens strict. Mon idée était de montrer que le genre n’avait pas nécessairement besoin de jeunes gens très beaux. Je voulais dire que même des marginaux, comme des yakuzas, peuvent avoir des sentiments. Et qu’avec de tels personnages, l’histoire d’amour pouvait devenir encore plus pure. Bref, j’ai fini par tenir ma promesse, d’une certaine manière.
Mais comment avez-vous intégré l’histoire d’amour à ce récit d’une espèce de coup d’État chez les yakuzas, dont toutes les étapes foirent de manière hilarante ?
Comme je le disais, je ne voulais pas situer classiquement l’histoire d’amour dans un lycée huppé ou dans les bureaux d’une puissante entreprise, ni raconter l’idylle entre une actrice et une célébrité. Dès le départ, j’ai eu envie de faire un film sur un jeune boxeur solitaire et une fille contrainte à la prostitution par les dettes de son père. Surtout, je voulais décrire leur rencontre et l’instant où leurs sentiments se nouent. Cependant, ces deux personnages ne sont pas énormément présents à l’écran. Car dès le début de l’écriture du scénario, j’avais aussi prévu d’avoir beaucoup de prota [...]
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