Robert Davi : "J'ai l'impression de ne pas avoir de chance avec les séquelles"
Il fait partie de ces trognes qu’on n’oublie pas : des Goonies à Permis de tuer en passant par Piège de cristal et la série Profiler, Robert Davi a baladé ses joues balafrées des deux côtés de la loi sur tous les écrans, grands comme petits. L’acteur et chanteur est passé en avril dernier par Cannes et son marché audiovisuel, le MIPTV, pour présenter Paper Empire, une série indépendante en cours de production. L’occasion de parler de sa carrière, mais aussi de Frank Sinatra et de ses rendez-vous ratés avec Rambo !
Dans Paper Empire, votre personnage s’apparente d’abord à une sorte de Bernard Madoff, mais les choses semblent en fait un peu plus complexes…
On a déjà vu des histoires de scandale financier dans Wall Street, Le Loup de Wall Street, American Bluff, The Big Short : le casse du siècle… Même en France, vous allez faire une série sur Bernard Tapie ! Mais cette série est la première à s’intéresser aux cryptomonnaies. Mon personnage, Laurence Fintch, a participé à la création de la technologie derrière ces cryptomonnaies. C’est un génie de la finance, mais il ne veut pas que les gens soient affectés par un effondrement du système monétaire.
Sur les affiches promotionnelles de Paper Empire, on mentionne une « apocalypse financière ». Donc Fintch décide de mettre les mains dans le cambouis et d’agir. Il a un côté Robin des Bois. De son point de vue, certains de ses anciens clients méritent ce qui leur arrive. Dans un autre épisode, il refuse de prendre l’argent de personnes qui ont déjà trop souffert. C’est un peu un savant fou.
Le tournage a commencé avant la pandémie, mais entre-temps, il y a eu le scandale FTX (une plateforme d’échange de cryptomonnaies qui s’est avérée être un système de Ponzi – NDR)...
FTX, ça n’est rien en comparaison de ce qui se passe dans la série. On a commencé à tourner avant ce scandale, et les gens nous disaient alors : « Oh, c’est intéressant votre série... ». Et puis boum ! L’affaire FTX éclate et sonne comme un avertissement.
Dans la bande-annonce de Paper Empire, votre personnage dit : « La politique, c’est la guerre. ». Vous êtes d’accord avec lui ?
Oui, pas vous ? Tout le monde devrait penser ça. La politique, c’est la guerre ! Regardez ce qui se passe actuellement en Afghanistan, en Ukraine…
Robert Davi dans la série Paper Empire.
Tous ceux qui ont vu Les Goonies savent que vous avez une très belle voix. Pourquoi avoir décidé de devenir acteur plutôt que chanteur ?
Je suis allé dans une école catholique où on a découvert que j’avais du talent pour le chant. À la même époque, je faisais aussi beaucoup de sport et je montais déjà sur scène. Et comme j’aimais chanter, on m’a trouvé un prof de chant lyrique pour me former à l’opéra. Je faisais donc les deux à la fois, le chant et la scène, mais je n’étais pas certain de vouloir dédier ma vie à l’opéra : c’est un processus très long et je n’aimais pas trop le jeu d’acteur assez rigide de cette discipline. Et puis, j’adorais le cinéma !
J’ai ensuite décroché une bourse pour l’université Hofstra, une école d’art dramatique très réputée à Long Island. Après, j’ai étudié avec Stella Adler dans son conservatoire de Manhattan. J’ai commencé à avoir des rôles au théâtre et dans mon premier film, j’ai joué avec Sinatra ! (le téléfilm Contract on Cherry Street, 1977 – NDR). Dans les familles italo-américaines, il y a deux figures incontournables : le pape et Sinatra. Et pas nécessairement dans cet ordre ! Alors, tourner avec le second pour mon premier film… Sérieusement ?! C’était incroyable.
Sinatra était lui aussi à la fois chanteur et acteur !
Exactement ! Je savais que je reviendrais à la chanson, mais quand ? Dans Les Goonies, j’ai pu chanter un peu, mais ce n’était pas prévu dans le scénario : j’ai improvisé et ça leur a plu, donc ils ont gardé ce passage. J’ai aussi réalisé et coécrit le film The Dukes(2007, sur la carrière d’un groupe de doo-wop – NDR), avec Chazz Palminteri, Peter Bogdanovich, Miriam Margolyes, Elya Baskin et moi-même au casting. Je chante une chanson à la fin et tout le monde me disait que je devrais m’y remettre. Même le patron de Disney Music, Bob Cavallo, m’a encouragé !
Alors j’ai repris des cours et quelques années plus tard, j’ai enregistré l’album Davi Sings Sinatra – On The Road to Romance, qui s’est classé sixième au Billboard Jazz. Quincy Jones a écouté le disque, en a dit du bien, et je suis parti en tournée.
Après la mort de Sinatra, il n’y avait plus de chanteurs/acteurs. Personne n’avait sa présence. J’ai donc créé un spectacle avec les standards de la chanson américaine, le Great American Songbook, pour expliquer la contribution de Sinatra à la société et ce qu’il représentait pour les immigrants et les Italo-Américains. Au début du XXe siècle, les Italiens étaient traités de tous les noms, même dans le New York Times.
Il a ouvert la voie à Dean Martin, Perry Como et tant d’autres. Il a été le premier artiste à s’élever contre l’antisémitisme et le racisme. Je voulais parler de ça, et pas de ses aventures avec Ava Gardner ou de ses soi-disant liens avec la mafia…
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