Interview Quarxx réalisateur et scénariste

Visiblement heureux de se livrer à l’exercice de la promotion, le réalisateur de Tous les dieux du ciel évoque avec passion et franchise le long périple qui l’a amené à concevoir l’une des oeuvres les plus singulières du moment. Trop singulière même, à en croire certains professionnels…

Avant de te faire remarquer grâce à Un ciel bleu presque parfait, tu as signé plusieurs courts-métrages pour te faire la main. En quoi ces travaux ont-ils contribué à ton parcours de cinéaste ?

Si tu veux, je vais aborder mon background pour répondre à ta question. J’ai commencé en tant que photographe, car je me suis rendu compte dès mon plus jeune âge que je voulais évoluer dans un milieu artistique. J’ai commencé par la photographie lorsque j’habitais aux USA, car je ne voulais pas me lancer tout de suite dans la réalisation ; je préférais avoir un certain bagage en m’éduquant à la maîtrise du cadre et de l’image. J’ai donc débuté en prenant des photos d’enfants sur les terrains de baseball. Je traversais différents États et, tous les matins, je prenais des photos de gosses qui posaient leur main sur le coeur au son de l’hymne américain. Ça m’a mis le pied à l’étrier et j’ai commencé à me professionnaliser. Je suis alors devenu photographe de mode après avoir déménagé en Indonésie, où j’ai bossé pour des agences. Je me suis ensuite mis à la peinture pendant plus d’une dizaine d’années et ç’a plutôt bien marché pour moi : je me suis mis à exposer mes oeuvres à Singapour avant de revenir en France, où j’ai bossé pendant une dizaine d’années sur des expos internationales. Ne voulant pas rester coincé dans un unique medium, j’avais vraiment envie de me mettre à la réalisation. J’ai donc commencé à faire des courts au début des années 2000 après m’être dit : « Allez, il est temps de se mettre enfin au boulot ! ». J’ai pu tourner sans aucune pression, car je souhaitais avant tout me faire plaisir sur des projets un peu en marge. Même si je voulais apprendre le métier et raconter des histoires, je trouvais très important de m’amuser sans me sentir redevable vis-à-vis de quelqu’un. Mes courts étaient donc assez barrés, mais au fil des années, j’ai eu envie qu’on me prenne enfin au sérieux, car si mes premiers films faisaient plaisir à mon entourage et accumulaient des vues sur YouTube, ma carrière n’allait pas plus loin. Je me sentais donc assez frustré, jusqu’en 2008 où j’ai travaillé sur un projet de long-métrage qui m’a pris plus de deux ans. Le film s’appelait Marginal tango et devait être produit en partie par Canal+. On avait un bon casting : Zoé Félix, Thierry Frémont, Linda Hardy… On avait même Jean-Luc Lahaye, c’est dire ! Ce film devait faire partie des premiers French Frayeurs, mais le projet a été stoppé à un mois du tournage. Une vraie catastrophe. La raison ? Canal a décidé de se retirer de la production, et même s’ils n’étaient pas majoritaires, j’ai vécu la théorie des dominos : tous nos investisseurs se sont ensuite retirés. Ç’a été assez compliqué à vivre, même si avec le recul, je me dis que c’était finalement un mal pour un bien. Je n’étais pas forcément prêt, j’avais un scénario complètement barré… À l’époque, j’avais d’ailleurs été le premier surpris que quelqu’un accepte de produire un script pareil, car c’était vraiment fou. Bref, j’ai vraiment accusé le coup, car j’avais le sentiment d’avoir perdu deux ans de boulot. Mais j’ai vite décidé de voir le bon côté des choses, comme ma rencontre avec Thierry Frémont qui est devenu un copain. Finalement, j’ai rebondi avec ma trilogie de courts « what the fuck » – composée de Rasta Kamikaze Bang Bang, Dirty Maurice et Zeropolis –, qui parle de losers ne parvenant pas à monter leur film. Une idée assez autobiographique, bien sûr… Cette trilogie est la dernière chose que j’ai réalisée dans mon coin, sans aucune pression, grâce à des fonds récoltés parmi des mécènes que j’avais rencontrés dans les galeries d’art. C&rsq [...]

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