
Interview Peter Strickland réalisateur & scénariste
Lorsque vous avez présenté le film au PIFFF, vous disiez que la première version du scénario commençait dans l’usine où la robe maudite est fabriquée…
À l’origine, l’histoire parlait en effet de l’exploitation des travailleurs dans les ateliers textiles du Tiers-monde. Mais cela devenait presque un film social, avec un message beaucoup trop didactique. Finalement, on aperçoit un atelier textile vétuste dans les dernières images. Cela me plaît, car les idées de départ se sont donc propagées. Pour autant, elles ne sont pas enfoncées dans la gorge du spectateur. À chaque fois que je présente In Fabric dans un festival, quelqu’un dans le public me parle d’autres films avec une robe tueuse, en particulier de Robe de sang de Tobe Hooper. Croyez-le ou non, je ne l’ai jamais vu ! Je voulais juste montrer le passage de la robe d’un personnage à l’autre, pour explorer des thèmes comme la solitude, le fétichisme sexuel, l’attirance ou le dégoût pour la lingerie féminine, la tristesse liée aux vêtements des gens décédés. Et aussi, jouer avec l’idée que le grand magasin est un lieu hanté.
Comme dans vos films précédents, le résultat est un étonnant mélange de trip psychédélique et de satire énorme…
Ici, cela vient justement de ma propre expérience avec le grand magasin Jacksons, dans la ville de Reading où j’ai grandi. Quand vous y alliez, vous aviez l’impression d’entrer dans un monde différent, une bulle hors du temps. Et juste avant qu’il ne ferme ses portes en 2013, c’était comme si, pouf !, vous retourniez soudain dans les années 70. Je me suis donc contenté de reprendre cette espèce de collage anachronique qui existait dans la vie réelle. En fait, pendant que j’écrivais In Fabric, je ne savais pas à quel genre de ton j’aboutirais. C’est juste que quand votre scénario parle des frustrations d’une employée de banque, cela finit par devenir humoristique d’une manière ou d’une autre. Cependant, si vous visionnez In Fabric plusieurs fois, vous constaterez que j’étire la réalité comme un élastique, mais que cet élastique ne part jamais en vrille. Imaginez une échelle où 0 est le quotidien, et 10 l’abstraction et le surréalisme complets. Eh bien, les [...]
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