Interview : Panos Cosmatos réalisateur et coscénariste

Dans la langue fleurie et ésotérique qui est la sienne, l’auteur de Mandy nous parle des influences bigarrées qui forment la matière du film, et aussi de son utilisation quasi musicale du jeu excessif de Nicolas Cage.

Quand vous avez présenté Mandy lors de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, vous avez dit que le scénario a été écrit dès 2006…
C’est exact, mais à l’époque, le concept était de faire un film de vengeance tournant sur l’orbite de la planète de la personne à venger. C’est plus récemment que s’est cristallisée la seconde idée, selon laquelle l’histoire raconte la création d’une sorte de demi-déesse. Je pense en effet que l’héroïne, d’une manière très architecturale, est comme une des sorcières de Salem, ou comme Jeanne D’Arc. Cette transformation est entraînée par tous les éléments mythologiques avec lesquels Mandy joue, et que j’ai volés dans des choses comme Donjons & Dragons. Je vois ainsi le résultat comme un film de fantasy avec des barbares, transposé dans l’univers de 1983.


En fait, je me demandais si l’histoire ne se déroulait pas sur une autre planète, assez semblable à la Terre mais dotée d’une atmosphère différente, ce qui expliquerait les couleurs irréalistes de la photo…
(rires) Pour moi, cela se passe dans notre monde. Mais il ne s’agit pas moins d’une version mythologisée de 1983, l’époque me servant de code secret pour explorer les objets de fascination de mon enfance.


C’est aussi l’époque de ce qu’on a appelé aux États-Unis la « Satanic Panic », quand se sont multipliées les rumeurs concernant des méfaits perpétrés par des sectes d’adorateurs du Diable. C’était une de vos inspirations pour le groupe de tueurs ?

On retrouve effectivement des éléments de la Satanic Panic, car j’étais alors un de ces enfants que la paranoïa générale inquiétait… et paniquait. (rires) De mon point de vue, ce mouvement était un fondamentalisme sombrant dans l’hystérie. Mais d’un autre côté, pour les gamins que nous étions à l’époque, c’était une occasion de s’amuser, en laissant vagabonder notre imagination.


Vous avez tourné vous-même le [...]

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