Interview : Matteo Garrone réalisateur, coscénariste & producteur

Au fil d’un entretien parfois tendu (il s’est un brin énervé quand nous avons suggéré que certaines scènes pourraient effaroucher les tout petits), le réalisateur de Pinocchio nous a raconté comment il a reconstitué l’époque de Collodi tout en recréant ses visions truculentes et fantasmagoriques avec des moyens résolument old school.

Tout le monde se demandait comment vous alliez animer le personnage de Pinocchio, et vous avez étonnamment choisi une solution à l’ancienne : un enfant acteur et des effets de maquillage…

J’ai plus ou moins suivi la méthode que j’avais inaugurée sur Tale of Tales, c’est-à-dire du maquillage avec des parties prosthétiques, combinées ensuite avec des retouches en numérique. C’est ce qui est le plus proche du cinéma que j’aime, où la vérité est apportée par les éléments matériels. De plus, les effets réalisés sur le plateau s’inséraient bien dans la conception générale du film. Toutefois, cela a été très, très fatigant pour l’acteur Federico Ielapi. En effet, il est présent dans la grande majorité des scènes. Alors qu’il était âgé de seulement huit ans, il a donc dû subir quatre heures de maquillage quotidiennes, pendant six mois d’affilée. Mais il s’est montré très courageux, tenace et résistant.


Vous avez effectué beaucoup de tests pour déterminer son look ?

Oui, nous avons énormément travaillé sur Pinocchio, et aussi sur les autres créatures. Comme celles-ci sont des êtres anthropomorphes, une des choses les plus difficiles a été de réussir à trouver le juste équilibre entre animal et humain. Il nous fallait comprendre jusqu’à quel point nous devions aller avec le maquillage, et dans quelle mesure nous devions laisser des traits humains. Le concept-artist Pietro Scola Di Mambro a ainsi dessiné beaucoup de croquis, puis Mark Coulier, qui est un grand génie des effets spéciaux, a pris le relai. Avec son équipe, ils sont parvenus à réaliser des sculptures de créatures où les éléments humain et animal se fondaient de manière très naturelle et homogène.


Une dernière question sur la phase de préparation : comment se sont passés les repérages, pour trouver des arrière-plans pouvant figurer la Toscane du XIXe siècle ?

Nous avons effectué un voyage à travers toute l’Italie, car ce n’est pas facile de trouver des lieux encore intacts. Cependant, grâce au travail du location manager Gennaro Aquino, nous avons réussi à dénicher des endroits merveilleux, des paysages en quelque sorte immaculés. Bref, cela a été un voyage à travers une Italie presque totalement disparue.


Vous parliez de « juste équilibre » pour les créatures. De manière générale, le film a été conçu comme un mélange de réalisme et de fantasy ?

Oui. En relisant le roman, j’ai choisi de rester le plus fidèle possible au texte de Carlo Collodi, et à sa saveur originelle. Que cela soit la phase de recherches, les différents lieux visités par Pinocchio, ou encore le travail de photographie, tout devait ainsi concourir dans un grand intérêt pour le réalisme, lié à la reconstitution d’une époque. Ensuite, il s’agissait de réinterpréter l’autre dimension du livre, celle qui est au contraire magique et surnaturelle. Car, tout comme l’oeuvre d [...]

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